Au moins 89 personnes ont été tuées par balles, 74 autres blessées par balles ou à l’arme blanche et 16 portées disparues, lors de nouveaux affrontements qui ont éclaté depuis le jeudi 7 juillet 2022, entre des gangs armés rivaux, à Cité Soleil (municipalité au nord de la capitale, Port-au-Prince), selon un rapport du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Parmi les personnes assassinées, 21 ont été carbonisées.
127 maisons ont été soit détruites à l’aide d’engins lourds, soit incendiées par des bandits de la fédération des gangs G-9 an fanmi e alye.
Ces engins lourds ont été mis à disposition, pour les gangs G-9, par le Centre national des équipements (Cne) pour la destruction des maisons et le creusage d’un passage, jusque vers le fief du chef de gang rival, révèle le Rnddh.
Cette guerre fait suite à l’attaque de la coalition de gangs armés, dénommée G-9 an Fanmi e Alye, dirigée par Jimmy Chérizier alias Barbecue, contre le quartier de Nan Brooklyn pour déloger le chef de gang, Gabriel Jean Pierre alias Ti Gabriel ou Gabo – lui-même actuel dirigeant du gang armé G-Pèp.
De nombreuses familles ont dû abandonner leurs maisons, laissant derrière elles tout ce qu’elles possédaient, souligne le rapport du Rnddh.
« Les principales victimes de ces attaques armées et massacres, enregistrés dans les quartiers défavorisés depuis 2018, restent et demeurent la population civile ».
« Depuis la mise en place, en 2020, de la coalition de gangs G-9 an Fanmi e Alye, il ne se passe pas de mois sans qu’au moins un événement sanglant ne soit enregistré dans le pays. Et, c’est aussi depuis sa création que G-9 an Fanmi e Alye fait de la conquête du quartier de Nan Brooklyn une obsession. En effet, pas moins de trois (3) séries d’attaques armées y ont déjà été enregistrées », rappelle le Rnddh.
Du 23 au 27 mai 2020, 34 personnes ont alors été assassinées, parmi elles trois mineurs et six femmes, alors que 10 personnes ont été blessées par balles, lors de la première attaque.
48 personnes, dont deux mineurs, ont été portées disparues, tandis que 20 autres ont été blessées par balles, parmi elles sept mineurs et quatre femmes.
17 femmes ainsi qu’une mineure ont été violées. Au moins six maisons ont alors été incendiées.
Sept personnes ont été portées disparues, alors que 15 autres ont été blessées par balles. Une femme a été violée et trois maisons ont aussi été incendiées.
Entre mai 2020 à mai 2021, au total, près de 200 morts ont été recensés lors de ces trois attaques armées, selon un décompte d’AlterPresse.
La gouvernance d’Ariel Henry caractérisée par l’utilisation des gangs armés
L’organisme de défense des droits humains s’en prend au premier ministre de facto Ariel Henry, « qui continue de mettre en œuvre cette nouvelle forme de gouvernance politique, imposée par l’administration de Jovenel Moïse et caractérisée par l’utilisation des gangs armés, en vue de l’instauration d’un climat de terreur dans le pays ».
Le Réseau national de défense des droits humains exhorte la coalition politique, actuellement au pouvoir, à mettre fin aux rapports de copinage existant entre elle et les gangs armés, et à cesser d’alimenter ces derniers en argent, armes et munitions.
Le Rnddh critique aussi le non-interventionnisme de l’institution policière ainsi que le mutisme des autorités étatiques face à cet événement sanglant de trop.
Source: Emmanuel Marino Bruno pour AlterPress