Le gouvernement de Gabriel Boric a annoncé les noms qui dirigeront deux des organismes clés de son programme de réforme économique : l’économiste Hernán Frigolett au Service des impôts (SII) et Solange Berstein à la tête de la Commission du marché financier (CMF).
Comme Mario Marcel au Trésor, les deux noms qu’il a choisis sont issus du cœur de la Concertación/Nueva Mayoría, la coalition qui a gouverné une grande partie des 30 années tant décriées, dont Boric et une partie de sa coalition ont été de sévères critiques. Dans le secteur privé et les associations d’entreprises, les nominations ont été applaudies.
Ancien trésorier général de la République de Bachelet II, M. Frigolett aura désormais l’une des plus grandes responsabilités du gouvernement de M. Boric : mettre en œuvre une réforme fiscale qui promet d’augmenter de 5 % le PIB, et dont on s’attend déjà à ce qu’elle soit controversée, sans ralentir la croissance économique au milieu d’un scénario local et mondial extrêmement complexe. Marcel a été transparent en expliquant que son équipe a le grand défi de trouver les ressources nécessaires pour faire avancer les réformes.
Solange Berstein a rejoint la Commission des marchés financiers en remplacement de Joaquín Cortez et a noué des liens étroits avec l’actuel ministre de l’économie lorsqu’elle était responsable de la division de la politique financière de la Banque centrale [sous le gouvernement du néolibéral Piñera, NdT], poste qu’elle quitte donc pour rejoindre l’institution chargée de garantir la stabilité et la transparence du système financier chilien.
En fait, il était courant de voir ettee docteur en économie de l’université de Boston accompagner Marcel dans différentes présentations pertinentes des rapports de l’institution émettrice. Elle a une grande expérience du monde des superviseurs, notamment dans le secteur des retraites, sujet sur lequel elle a publié plusieurs articles académiques.
Outre son passage à la Banque centrale, où elle était depuis 2017, elle a également été surintendante des retraites entre 2006 et 2014, et chef des études à l’ancienne surintendance des Fonds de pension. Elle a également été membre de l’Unité des marchés du travail et de la sécurité sociale de la Banque interaméricaine de développement (BID). M. Berstein devrait donc jouer un rôle important dans le débat sur la réforme insaisissable du système de retraite chilien.
C’est également l’avis de Jorge Berríos, expert en marchés financiers et universitaire à l’Université du Chili. « Je pense que le rôle qu’elle pourrait jouer dans la réforme des retraites – compte tenu de ses connaissances en la matière – serait pertinent », a-t-il dit, afin que les modifications apportées affectent le moins possible le système financier et qu’il puisse collaborer à la création de l’entité publique qui serait chargée de la gestion des retraites.
« D’une part, parce qu’elle a été surintendante des pensions et, d’autre part, elle a travaillé avec Mario Marcel à la Banque centrale en tant que responsable de la division de la politique financière, ce qui lui donne une vision assez large des effets que pourrait avoir toute modification structurelle du marché des capitaux et des effets d’un changement plus radical du système des pensions », a-t-il ajouté.
« Tout changement structurel pourrait avoir un impact majeur sur le marché boursier et sur les investisseurs étrangers, et je pense que c’est la raison pour laquelle a été nommée une personne qui non seulement connaît le marché boursier, mais comprend aussi clairement les effets macroéconomiques de ces changements pour le pays », a souligné M. Berríos.
Source: El Mostrador et Emol – Traduction: Romain Migus