Me Merlan Belabre a été désigné pour instruire le dossier de l’assassinat de Jovenel Moise. Plus d’une semaine après sa désignation, le magistrat a publié, dimanche 13 mars, une note de presse écrite à la main dans laquelle il a exprimé ses inquiétudes pour sa sécurité et celle de sa famille. « Je constate que l’exécutif et le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) m’ont livré, avec ma famille, aux assassins et aux kidnappeurs. 10 jours après m’avoir confié le dossier, ils n’ont pris aucune disposition pour me le remettre physiquement ni pour assurer ma sécurité et celle de ma famille. Ma famille et moi, nous n’allons pas nous enfuir. L’Etat haïtien sera tenu pour responsable si quelque chose arrive à moi, à ma famille ou à mes collaborateurs », peut-on lire dans cette note de presse rédigée en créole.
Sur Magik9 ce lundi matin, l’authenticité de la note a été vérifiée par Marthel Jean Claude de l’Association professionnelle des magistrats (APM), qui affirme avoir eu une conversation avec Merlan Belabre sur la teneur de sa note. « Le juge m’a dit qu’on n’a mis aucun moyen à sa disposition pour conduire l’enquête. Il estime que cette situation met sa vie en péril. Avec cette note, il a voulu prendre l’opinion publique à témoin », a fait savoir Marthel Jean Claude.
Plus loin, en observant le traitement accordé au magistrat instructeur, Marthel Jean Claude se demande s’il y a une volonté réelle pour l’aboutissement de l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse. « Il était très difficile de trouver un juge qui accepte de mener l’instruction. Je ne comprends pas pourquoi on ne met pas des moyens à la disposition de celui qui s’est porté volontaire en dépit des menaces et des réserves de sa famille. Il y a lieu de se demander s’il y a une réelle volonté », s’est-il inquièté. Le président de l’APM a critiqué le doyen Bernard Sainvil qui, selon lui, a mis le magistrat dans une situation difficile. « Il aurait dû s’assurer que les moyens soient à la disposition du juge avant d’annoncer sa désignation. Le juge a besoin d’un véhicule approprié, de policiers affectés à sa sécurité, un espace de travail adéquat. Ces mesures devaient être prises avant l’annonce de sa désignation », a tranché Marthel Jean Claude.
Source: Le Nouvelliste