Une série d’explosions, d’enlèvements de policiers et d’évasions de prisonniers ont été signalés ces dernières heures dans différentes régions de l’Équateur, où l’état d’urgence est en vigueur depuis lundi, avec un couvre-feu nocturne à la suite d’incidents survenus dans quelque six prisons du pays.
Depuis deux jours, le pays sud-américain connaît des nuits de terreur. Sept policiers ont été enlevés en plein état d’urgence décrété par le gouvernement face à une flambée de violence liée au trafic de drogue.
Les médias locaux ont rapporté que des organisations criminelles liées au trafic de drogue défient le président équatorien, Daniel Noboa, qui traverse sa première crise depuis son entrée en fonction en novembre dernier.
Par ailleurs, le gouvernement équatorien a offert une récompense à toute personne qui fournirait des « informations prouvées » sur Adolfo Macías, alias Fito, le chef du gang Los Choneros qui s’est évadé de l’une des prisons de haute sécurité du pays.
Parallèlement, le Service national d’attention intégrale aux adultes privés de liberté et aux adolescents délinquants (SNAI) a confirmé mardi l’évasion de Fabricio Colón Pico, capturé après que la procureure générale de l’État, Diana Salazar, ait dénoncé un prétendu projet d’attentat contre lui.
Le SNAI a indiqué dans un communiqué qu’aux premières heures de la matinée, il y a eu « des incidents violents entre les personnes privées de liberté, la police nationale et le personnel pénitentiaire ».
Après cet événement, Colón Pico « s’est soustrait aux contrôles avec d’autres personnes privées de liberté », a déclaré l’agence, ajoutant que, jusqu’à présent, 12 prisonniers ont été repris. En coordination avec la police nationale et les forces armées, les protocoles de sécurité ont été activés.
Plusieurs institutions équatoriennes ont dénoncé des attaques des organisations criminelles dans le pays sud-américain et ont promis des actions « urgentes » pour lutter contre l’insécurité dans le pays sud-américain.
De son côté, le Consortium des gouvernements provinciaux autonomes de l’Équateur (Congope), qui regroupe les 23 préfectures du pays, a publié un communiqué dans lequel il exprime sa solidarité avec les familles équatoriennes face à la crise de l’insécurité, mais a convoqué son comité exécutif « pour connaître la situation dans toutes les provinces et définir les actions à mener » dans chacun des territoires.
« En tant qu’autorités provinciales, nous réitérons notre volonté d’unir nos forces à celles du gouvernement national pour faire face au crime organisé, une menace qui nous interpelle tous », indique le texte.
En outre, ils espèrent que les policiers qui ont été enlevés dans différentes provinces du pays seront sauvés et que « tout le poids de la loi et de la justice s’exercera sur les responsables ».
Dans ce contexte, l’Assemblée nationale a convoqué une réunion urgente afin « d’agir de manière coordonnée pour mettre en place des mesures efficaces visant à préserver la sécurité et le bien-être des citoyens ».
Ecuavisa a rapporté que la police a confirmé que 38 autres détenus se sont échappés de la prison de Riobamba avec le narco « Capitaine Pico », au milieu de détonations d’explosifs. Selon le rapport, des officiers en uniforme ont reçu l’ordre d’entrer dans la prison pour ramener l’ordre. Cependant, les détenus ont déclenché des explosifs et ils ont été contraints de battre en retraite.
Le ministère de l’enseignement supérieur, des sciences, de la technologie et de l’innovation a publié un communiqué informant que « les activités académiques des 55 instituts technologiques supérieurs et des conservatoires publics se dérouleront de manière virtuelle » jusqu’au 12 janvier.
Cette mesure est prise afin de garantir l’intégrité et la sécurité des étudiants, des enseignants et du personnel administratif des instituts.
« Nous exhortons les universités et les écoles polytechniques à adopter les mesures appropriées pour préserver le bien-être de ceux qui constituent la communauté éducative », a déclaré l’organisme.
Face à ces événements, le secrétaire général à la communication de la Présidence, Roberto Izurieta Canova, a annoncé à la population la création du Conseil de sécurité publique et d’État pour analyser la situation dans le pays.
Situation à Guayaquil
La police équatorienne a signalé que des malfaiteurs ont pénétré dans les locaux de la chaîne TC Televisión à Guayaquil après 14 heures (heure locale) et ont braqué une émission en direct. « Nos unités spécialisées sont déployées sur place pour faire face à cette situation d’urgence », a-t-il déclaré.
Quelques minutes plus tard, l’émission montrait les forces de sécurité pénétrer dans les locaux du média et évacuer les travailleurs.
À cet égard, le ministère de l’intérieur a indiqué que des équipes tactiques de la police équatorienne avaient pris le contrôle des locaux de TC Televisión et que « plusieurs des individus impliqués dans l’incident ont été capturés ».
Presque au même moment, des informations ont également fait état de l’entrée de criminels à l’Université de Guayaquil et dans un hôpital du sud, le Teodoro Maldonado.
Par le biais de son compte sur le réseau social X, l’Université de Guayaquil a signalé la suspension de toutes ses activités. Elle a ensuite partagé un communiqué avec les dispositions académiques compte tenu de la situation dans le pays.
De même, une confrontation entre des agents de sécurité et des membres de gangs criminels a été observée au terminal terrestre de Guayaquil.
Unité nationale
L’ancien président équatorien Rafael Correa a partagé un message sur son compte de réseau social X pour appeler à l’unité nationale et exprimer son soutien à l’actuel président dans la lutte contre le crime organisé.
« Le crime organisé a déclaré la guerre à l’État. L’État doit l’emporter, l’État doit gagner. Le président Daniel Noboa a notre soutien total et sans restriction. Ne cédez pas, s’il vous plaît », a déclaré M. Correa.
Source: Telesur – Traduction: Romain Migus