Au moins deux pétroliers qui naviguaient vers le Venezuela pour charger du pétrole brut dans ses ports ont fait demi tour ce week-end, et trois autres navires ont quitté les eaux vénézuéliennes en conséquence des menaces des États-Unis qui envisagent de sanctionner des dizaines de pétroliers, selon les données du transport maritime et des sources de l’industrie.
La menace de sanctions plus strictes perturbe déjà le marché mondial du transport maritime. Les compagnies pétrolières chinoises envisagent de ne pas affréter les pétroliers qui se sont rendus au Venezuela l’année dernière, quel que soit l’endroit où se trouve désormais le navire , ont déclaré quatre sources dans le transport maritime à Reuters mardi.
Washington cherche à exclure du pouvoir le gouvernement du président Nicolas Maduro en empêchant les exportations de pétrole qui constituent sa principale source de revenus. Ces mesures ont contribué à faire chuter les exportations pétrolières vénézuéliennes à un seuil minimum jamais atteint en 17 ans et ont aggravé la crise économique du pays, mais M. Maduro reste en fonction malgré la frustration de l’administration du président américain Donald Trump.
Les États-Unis peuvent ajouter des dizaines de pétroliers à une liste noire existante, ont déclaré des sources américaines à Reuters la semaine dernière. Cela rendrait difficile la livraison de pétrole aux raffineries à l’étranger par l’entreprise publique vénézuélienne PDVSA.
Les exportations sont tombées à environ 452 000 barils par jour (bpj) en mai, le chiffre le plus bas depuis qu’une grève nationale a paralysé l’économie vénézuélienne et affecté les ventes à l’étranger en 2002 et 2003 [NdT: il s’agissait en réalité d’un lock-out].
Le ministre vénézuélien des affaires étrangères Jorge Arreaza a déclaré dans un message Twitter mardi que Washington s’attaquait au « cœur » de l’économie du Venezuela en l’empêchant de recevoir des revenus du pétrole qui pourraient être utilisés pour importer de la nourriture et des médicaments.
Le Département d’Etat américain, qui a précisé que les sanctions n’empêchent pas de tels achats humanitaires de nourriture et de médicaments, n’a pas commenté immédiatement.
Le Seadancer, battant pavillon maltais, exploité par la société grecque Thenamaris Ships Management et affrété par la société thaïlandaise Tipco Asphalt, est rentré à Gibraltar après avoir attendu une semaine dans l’Atlantique, selon les données de suivi des navires de Refinitiv Eikon.
Tipco Asphalt (TASCO.BK) a déclaré mardi à Reuters que la société avait suspendu son plan d’utilisation du pétrolier.
Le Seadancer était en route vers une zone de transbordement près de la raffinerie d’Amuay au Venezuela, sur la côte ouest du pays, pour charger environ 1 million de barils de brut Boscan dans la raffinerie Kemaman en Malaisie, exploitée par Tipco, selon les calendriers d’exportation d’Eikon et de PDVSA.
Tipco a un contrat de fourniture de pétrole brut à long terme avec PDVSA qui n’a pas été touché par les sanctions. Un deuxième pétrolier sous pavillon maltais attendu au Venezuela, le Novo, a fait demi-tour cette semaine dans la mer des Caraïbes avant d’éteindre son signal satellite. Le navire devait transporter 1 million de barils de pétrole brut Hamaca ce mois-ci vers Singapour.
Le contrat d’affrètement de Novo a également été suspendu ces derniers jours, selon deux sources de PDVSA. Le pétrolier est exploité par Dynacom Tankers Management Ltd, qui s’occupe également du Chios I, sanctionné par Washington la semaine dernière.
Certains opérateurs maritimes ont commencé à détourner des navires-citernes vers le Venezuela pour éviter le risque de subir des sanctions qui rendraient plus difficile pour d’autres clients de passer des contrats avec ces navires.
PDVSA, Thenamaris et Dynacom Tankers n’ont pas répondu immédiatement aux demandes de commentaires.
Alors que la possibilité de nouvelles sanctions maritimes liées au Venezuela se répand, au moins trois autres grands pétroliers (VLCC) – Boston, Commodore et Respect – ont quitté les eaux vénézuéliennes au cours du week-end pour jeter l’ancre dans les Caraïbes orientales, selon les données de Refinitiv Eikon.
Les sanctions ont souvent un impact sur le reste du marché des pétroliers, car les entreprises et les négociants en énergie se précipitent pour échanger les navires inscrits sur la liste noire contre d’autres.
Source: Marianna Parraga et Jonathan Saul, Reuters – Traduction: Romain Migus