Entretien avec Héctor Llaitul, prisonnier politique mapuche – VocesEnLucha

16 mars 2025

Héctor Llaitul Carrillanca, prisonnier politique mapuche et porte-parole de la Coordinadora Arauco Malleco (CAM), est, avec ce mouvement, une référence historique dans la lutte autonomiste et révolutionnaire pour la libération du Peuple-Nation Mapuche. En conséquence, depuis des décennies, il est, ainsi que l’ensemble de la CAM, poursuivi sur les plans politique, militaire, judiciaire et médiatique par l’État et les classes dominantes du Chili. Aujourd’hui, il se trouve une fois de plus en détention politique, après avoir récemment mené une grève de la faim de près de trois mois, exigeant, entre autres, son transfert vers une prison disposant d’un module réservé aux prisonniers mapuches, comme le prévoit la réglementation internationale pour les peuples autochtones. L’État chilien continue de ne pas respecter ce droit, le maintenant comme un prisonnier de droit commun au Complexe Pénitentiaire de Biobío, à Concepción.

Dans des conditions d’isolement, Héctor Llaitul répond à cette longue interview menée par Vocesenlucha, abordant à la fois des questions historiques qui permettent de mieux comprendre le contexte de long terme du mouvement mapuche pour le territoire et l’autonomie, ainsi que des sujets plus récents et polémiques, largement diffusés par les médias hégémoniques chiliens, comme le cas de Pablo Marchant – weichafe mapuche de la CAM assassiné en 2021. Il évoque également des thèmes tels que le rôle du gouvernement actuel de Gabriel Boric dans la répression, la judiciarisation et la militarisation du territoire mapuche, son alignement sur les États-Unis, ses leçons de démocratie adressées à des pays souverains comme le Venezuela, ou encore la montée du fascisme en Amérique latine. Commençons.

Vocesenlucha : Tout d’abord, merci d’avoir accepté de nous accorder cet entretien. Pour réaliser cette interview, nous avons dû envoyer le questionnaire depuis un lieu de La Manche à des tierces personnes qui l’ont ensuite fait parvenir jusqu’à la prison de Concepción, au Chili. Héctor Llaitul, qui êtes-vous et pourquoi êtes-vous en prison ?

Héctor Llaitul : Je suis un Mapuche, un Mapuche révolutionnaire. Actuellement, j’exerce la fonction de Werken (porte-parole) de mon organisation, la Coordinadora Arauco Malleco (CAM). Aujourd’hui, je suis emprisonné à Concepción et j’ai été condamné à 23 ans de prison en vertu de la Loi de Sécurité de l’État et d’autres “délits” associés dans le cadre du conflit historique entre mon Peuple-Nation Mapuche et les États chilien et argentin. Il s’agit de ma troisième condamnation par les tribunaux chiliens, dans le cadre de huit procédures judiciaires visant ma persécution politique. J’ai été poursuivi pour mon rôle de Weichafe (guerrier) et de Werken de la cause mapuche, étant le seul à avoir été condamné pour “apologie de la violence” sous les gouvernements ayant succédé à la dictature pinochetiste.

Vous venez de mener une grève de la faim de 87 jours, soit près de trois mois. Quelles en étaient les raisons et comment évaluez-vous la réponse politique et judiciaire à cette grève ?

Oui, j’ai mené une grève de la faim de presque 90 jours, ce qui m’a laissé aujourd’hui avec quelques séquelles dont je dois me remettre afin de continuer à contribuer à la lutte de mon peuple.

Les raisons de cette dernière grève étaient au nombre de deux. D’une part, je demandais l’annulation du procès qui m’a condamné (sans preuves objectives et concrètes) sur la base de la Loi de Sécurité de l’État, une loi à caractère politique, perfectionnée et largement utilisée par la dictature pinochetiste pour la persécution des opposants. Ma demande a été rejetée, la Cour suprême ayant refusé le recours en annulation présenté contre la sentence du Tribunal de garantie de Temuco, confirmant ainsi ma condamnation et, par conséquent, la persécution politique ainsi que les atteintes au droit à un procès équitable.

D’autre part, avec cette grève, j’exigeais également le respect des droits culturels et politiques auxquels nous, Mapuches, avons droit en tant que membres d’un peuple autochtone. Nous avons été emprisonnés pour avoir revendiqué notre territoire contre les entreprises forestières et l’État chilien. Car la situation est claire : perdre la liberté est une chose, mais perdre le droit de continuer à être Mapuche, ça, ce n’est pas négociable.

Une évaluation synthétique de cette grève nous amène à confirmer la nature même de l’institutionnalité chilienne, qui persiste dans sa politique de criminalisation, de persécution et d’extermination de la cause autonomiste mapuche. L’État chilien maintient des politiques répressives et persécutrices marquées par un haut degré de racisme et de négationnisme contre les Mapuches, surtout lorsque notre lutte territoriale et politique se heurte directement aux intérêts du grand capital, qui opère de manière prédatrice au Wallmapu (territoire mapuche). En définitive, j’ai été injustement condamné et je reste emprisonné en étant privé de mes droits humains et culturels en tant que prisonnier politique mapuche. Pour cette raison, je continuerai à me mobiliser et à être actif en tant que porte-parole de la cause autonomiste de mon organisation.

Revenons sur l’histoire. Depuis les années 1990, la CAM est devenue une référence pour la lutte des peuples autochtones en Amérique latine. Aujourd’hui encore, elle continue de résister et de lutter pour l’autodétermination du peuple mapuche à travers sa proposition politique de construction de l’autonomie. Comment expliquer ce qu’est la CAM à quelqu’un qui ne connaîtrait pas son histoire de lutte ?

Nous sommes une organisation mapuche, autonomiste et révolutionnaire. La CAM est le fruit d’un saut qualitatif dans la lutte pour la terre du peuple mapuche, marquant une rupture avec la lutte institutionnelle et systémique sous la domination de l’État, pour passer à une lutte d’insubordination et de rébellion qui, avec le temps, s’est transformée en une lutte politique et stratégique. Au fil de son évolution, elle s’est positionnée comme une proposition pour la libération de notre peuple, pouvant également servir de référence à d’autres peuples opprimés.

En effet, la CAM est apparue sur la scène du Conflit Historique en tant qu’organisation mapuche autonomiste ayant pour objectif central la reconstruction de la Nation Mapuche. Depuis ses débuts, la CAM a défendu une lutte territoriale et politique basée sur les revendications historiques du peuple mapuche pour la récupération de son TERRITOIRE et son AUTONOMIE.

Cette proposition repose sur deux axes stratégiques : d’un côté, développer une résistance face à l’ennemi historique (l’oligarchie et l’État capitaliste) et, de l’autre, mener un grand processus de reconstruction du Peuple-Nation Mapuche, ce qui implique nécessairement une confrontation avec le pouvoir de domination. Ces deux axes – résistance active et reconstruction du monde mapuche (tissu social, politique et culturel) – nous mèneront vers un processus de Libération Nationale, qui est notre objectif stratégique.

C’est précisément à cause de ces positions que notre organisation fait l’objet de répression et de persécution politique depuis trois décennies. Nous avons payé de notre sang, de notre sacrifice et de notre emprisonnement le fait d’avoir assumé cette proposition politique mapuche.

Au cours de ces décennies d’ancrage de la CAM dans les communautés mapuches, comment sa pensée politique s’est-elle développée et a-t-elle mûri ?

Depuis près de trois décennies, la CAM a maintenu sa position autonomiste et révolutionnaire. Mais en raison de notre nature d’organisation mapuche, avec un fort lien aux communautés, et de notre détermination à conserver un caractère de mouvement mapuchiste, nous sommes devenus un problème de taille pour les fondations de l’État capitaliste. En effet, ce système maintient ses racines coloniales et racistes lorsqu’il doit affronter le Mouvement Mapuche Autonomiste. Ainsi, nous avons constamment subi la répression et avons dû faire face à toutes sortes d’attaques politiques et médiatiques de la part du pouvoir de domination.

C’est dans ce contexte que notre proposition politique et notre lutte se sont consolidées et ont mûri. Il s’agit d’une pensée politique forgée au cœur de la lutte concrète, où nous apprenons et réapprenons ce que signifie lutter, aujourd’hui avec une empreinte de respect et de considération pour l’héritage de nos ancêtres. Par ailleurs, nous devons capter, systématiser et élaborer notre compréhension actuelle de l’Itrofil Mongen, qui implique que nous luttons aux côtés des autres forces de notre environnement, présentes dans la nature et dans une autre dimension de notre existence : un monde spirituel et mystique qui nous définit en tant que Mapuches. C’est pourquoi nous valorisons bien davantage notre héritage ancestral face à la culture de mort du capitalisme postmoderne winka (étranger).

Quelle est l’importance de la terre et du territoire pour le peuple mapuche, et quelle est la proposition organisée de la CAM à ce sujet ?

C’est pour cette raison que nous réaffirmons nos définitions mapuchistes et culturelles afin de soutenir notre pensée politico-stratégique. Dans cette optique, nous accordons une importance absolue à la terre et au territoire en tant que fondements de notre projet politique et de la reconstruction du Monde Mapuche. Il n’est pas possible d’atteindre l’autonomie sans la récupération du territoire. Il n’est pas possible de reconstruire le Monde Mapuche sans récupérer et recomposer nos terres. Il n’est pas possible de reconstruire le Monde Mapuche sans un projet de ré-articulation des communautés basé sur l’extension des espaces territoriaux, permettant l’exercice de tous les droits inhérents à notre condition de Comuneros Mapuches.

C’est pourquoi notre proposition a toujours été de mener une lutte organisée et déterminée pour la récupération des territoires ancestraux. Sur cette base, nous établissons les fondements d’une proposition plus vaste d’Autonomie Révolutionnaire. Nous prônons une autonomie dans les faits, l’AUTONOMIE RÉVOLUTIONNAIRE : une lutte de confrontation contre le pouvoir sous toutes ses formes, avec une autonomie politique, idéologique et organisationnelle, mais surtout avec une autonomie culturelle idéologique (un choc de cultures) où l’antagonisme et la lutte sont définitifs et sans concessions.

C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre tous nos efforts politiques et organisationnels, notamment à travers la création et l’action des différents ORT (Organes de Résistance Territoriale), les sabotages contre les industries du grand capital, ainsi que les diverses KUDAW menées pour la récupération des terres sur la base de l’exercice du contrôle territorial. Pour nous, la résistance revêt une signification très large et une importance culturelle essentielle dans la relation Homme-Terre.

À l’inverse, quelle est l’importance du territoire pour les classes dominantes de l’État chilien, héritières de l’Empire espagnol, et quelle a été leur relation historique avec le territoire Wallmapu (sud du Chili actuel) et avec le peuple mapuche ?

Depuis la formation des États-nations du Chili et de l’Argentine, un processus d’occupation et de domination des peuples autochtones s’est déroulé, motivé par la convoitise des territoires ancestraux par l’oligarchie. L’importance du territoire pour les classes dominantes est une constante historique et constitue la clé pour comprendre le conflit entre l’État capitaliste et le peuple mapuche.

La relation historique avec le Wallmapu est marquée par la conquête, l’occupation et l’expropriation. Face à cela, nous avons maintenu notre revendication et diverses formes de résistance. Pour les classes dominantes héritières de l’Empire espagnol et du colonialisme européen, le territoire ancestral mapuche est une source de richesses qu’ils continuent de piller, notamment en terres, eaux et autres ressources. Ce pillage intensifie les contradictions avec les revendications fondamentales du Monde Mapuche, car il touche à nos valeurs les plus essentielles en tant que peuple autochtone.

Ils convoitent nos terres et nos eaux, alors que pour nous, il s’agit de Nuke Mapu (notre Terre Mère) et Itrofil Mongen (toutes les formes de vie).

Quels sont les moyens utilisés par la CAM pour la récupération territoriale ? Quel est le rôle de la voie militaire dans le mouvement et comment s’articule-t-elle avec la pensée politique et éthique de la CAM ?

Les méthodes et formes utilisées par la CAM pour la récupération territoriale sont diverses : elles vont des occupations effectives avec cérémonies et construction de rukas (habitats traditionnels), aux actions de sabotage contre les industries forestière et énergétique qui affectent la survie des communautés.

C’est dans ce cadre que s’est développée une violence politique nécessaire pour défendre le territoire et préserver les conquêtes issues des luttes territoriales. Face à l’intensification de la répression militaire du gouvernement chilien, nous avons été contraints de reprendre la lutte de manière plus globale, ce que nous appelons le retour du Weichan (combat), où la voie militaire s’est consolidée dans le mouvement mapuche autonomiste et révolutionnaire.

Cependant, il est important de préciser que cette expression reste limitée à la résistance et à la légitime défense des communautés, uniquement lorsque la situation l’exige. Ainsi, cette forme de lutte est strictement liée à notre position politique et stratégique. Nous insistons sur le fait que cette lutte est dirigée exclusivement contre tout ce qui menace notre Itrofil Mongen, notre cosmovision et notre spiritualité. Elle se base sur une éthique d’action politique qui respecte la vie dans son sens le plus large, défend la Nuke Mapu et cherche à restaurer tout ce qui a été détruit par les politiques extractivistes et le vieux système bourgeois colonial.

Quelles sont, selon vous, les principales forces antagonistes du peuple mapuche ?

Le peuple mapuche lutte depuis plusieurs siècles. Nous connaissons une partie de notre histoire de résistance contre les Incas et contre l’Empire espagnol. Ensuite, la résistance s’est poursuivie contre les États-nations du Chili et de l’Argentine. Aujourd’hui, nous faisons face à la quatrième et pire invasion : celle du capitalisme mondialisé.

Actuellement, nos adversaires sont multiples, mais ils dérivent tous de notre ennemi historique : l’oligarchie et les États capitalistes.

  • L’oligarchie chilienne est responsable de l’invasion et de l’expropriation de notre territoire ancestral.
  • L’État chilien, de nature raciste et coloniale, nous opprime et nous dénie tous nos droits, principalement ceux liés au territoire et à l’autonomie.
  • Les forces militaires et policières appliquent une politique d’occupation pour protéger les intérêts du grand capital, notamment ceux des industries forestières et énergétiques.
  • Les médias dominants, y compris ceux qui se disent indépendants, participent activement à la criminalisation du peuple mapuche.

Ainsi, la lutte mapuche se poursuit contre un système d’oppression sophistiqué, toujours enraciné dans la logique coloniale.

Comment le pouvoir politique chilien a-t-il changé après la dictature et comment s’est configurée la relation de l’État chilien avec le grand capital national et transnational ?

En toute rigueur, rien n’a changé. Selon nous, il y a eu un remplacement au sein du pouvoir inter-bourgeois qui a continué à favoriser l’oligarchie historique au détriment des opprimés en général et du peuple-nation mapuche en particulier. C’est pourquoi la relation de l’État chilien avec le grand capital national et transnational est de subordination et de dépendance aux intérêts de ce grand capital. Ainsi, on comprend que le gouvernement actuel adopte une attitude servile et de valet envers les intérêts des multinationales et de l’impérialisme américain.

En définitive, nous considérons qu’au fond, la logique de la dictature continue d’opérer, mais administrée dans un modèle néolibéral. Si l’on observe la quantité de terres mapuches privatisées et vendues pendant la dictature, et qui n’ont pas été restituées aux communautés, on peut voir le meilleur symptôme de cette persistance. Le pouvoir et la domination ont changé, certes, ils se sont sophistiqués et réajustés pour imposer leur hégémonie en améliorant leur rentabilité et en diversifiant leurs secteurs de soutien. Actuellement, de nombreuses personnes travaillent avec les entreprises forestières, et cela a été une victoire — bien que temporaire et fragile — de l’hégémonie du pouvoir politique et économique. C’est une dynamique qui économise de l’argent aux entreprises forestières et aux entrepreneurs, car elle déplace le conflit à l’intérieur des communautés, gagnant l’adhésion de différents secteurs. Et lorsque cela est insuffisant, les outils coercitifs du pouvoir s’abattent de toute leur force : au prix de la criminalisation, de la mort, de l’emprisonnement et de la militarisation, comme c’est le cas au Ngulumapu depuis plus de deux ans. C’est cette dynamique qui s’est transformée depuis la fin de la dictature et à laquelle la lutte territoriale mapuche est actuellement confrontée, conservant sa logique la plus profonde.

Vous avez dit il y a des années que la libération du Peuple Mapuche nécessite la libération du peuple chilien. La Rébellion Populaire de 2019 a été un jalon historique pour les mouvements populaires d’Amérique latine. Cependant, le pouvoir politique chilien a trouvé des moyens de réorienter sa crise à travers un apparent changement institutionnel avec l’arrivée du gouvernement actuel dirigé par Gabriel Boric. Le président Boric a visité par le passé des communautés en résistance de la CAM et a exprimé sa solidarité avec la lutte du peuple mapuche. Maintenant qu’il est arrivé à La Moneda, quelle est la politique du gouvernement actuel envers le Peuple Mapuche et ses expressions de lutte ?

Tout d’abord, il faut clarifier que Boric n’a jamais visité des communautés liées à la CAM, bien qu’il ait visité d’autres secteurs qui ont cru à son discours. Ensuite, nous ne sommes pas d’accord sur le fait que l’«éclatement social» ait développé des conditions permettant un changement institutionnel qui se reflète dans le gouvernement actuel, ainsi que nous l’observons dans le conflit historique avec notre Peuple. Ce qui s’est produit, c’est plutôt une plus grande intensification du système capitaliste, ce qui a créé les conditions pour que l’extrême droite relance une nouvelle offensive fasciste à tous les niveaux, pas seulement au Wallmapu, imposant un régime d’occupation caractérisé par un autoritarisme accru dans tout le pays chilien.

C’est ce que nous avons analysé : une sorte de réajustement dans les formes de domination au Wallmapu, comme nous l’avons exprimé auparavant, où la politique de la Carotte et du Bâton est de nouveau imposée, avec la particularité que l’administration actuelle a incliné la balance en faveur d’une répression accrue et de l’extermination du Peuple Nation Mapuche, notamment lorsqu’il s’agit de confronter avec toute la force de l’État les expressions de lutte de résistance et de reconstruction de notre Peuple.

Tout cela est aussi illustré par l’absence totale de volonté politique des autorités pour répondre aux revendications les plus pressantes des communautés, principalement celles concernant la restitution des terres usurpées. S’y ajoute l’imposition de la militarisation de tout le Wallmapu historique, l’application d’une répression de plus en plus militarisée contre les organisations de résistance et les communautés mobilisées, la détention de centaines de prisonniers politiques mapuches, et les divers abus et violations des droits humains et culturels subis par les membres de notre peuple qui, avec force, abritent la Cause Mapuche, aujourd’hui prisonniers et otages de l’État chilien.

Ce gouvernement continue de détenir des prisonniers de la rébellion populaire ou de l’«éclatement», et il y a plus de 100 weichafe mapuches incarcérés. Pourtant, il se permet de donner des leçons de démocratie, par exemple, au Venezuela. Que pensez-vous de cela ?

Effectivement, c’est sous ce gouvernement que le nombre de prisonniers politiques mapuches a atteint un niveau inégalé dans toute l’histoire du conflit entre l’État chilien et le Peuple Mapuche. Plus de 100 membres de notre peuple sont emprisonnés dans diverses prisons chiliennes, beaucoup d’entre eux sans reconnaissance de leur statut de persécutés politiques et subissant des violations de leurs droits culturels inhérents à leur appartenance à un peuple autochtone, transgressant même des conventions internationales ratifiées par le Chili, comme la Convention 169 de l’OIT. Pour cette raison, il est contradictoire, voire hypocrite, que les autorités de ce gouvernement critiquent si ouvertement d’autres gouvernements de la région sur cette question. Car au Chili, il y a bien des prisonniers politiques, dont beaucoup sont des Mapuches qui luttent pour les revendications territoriales et politiques de notre peuple.

Ce gouvernement n’a ni l’autorité politique ni morale pour critiquer et/ou chercher à sanctionner d’autres pays en matière de persécution des opposants, encore moins si, ici, il a militarisé, assassiné et emprisonné les Weichafe. D’ailleurs, au Venezuela, comme nous l’ont dit nos frères, les droits des peuples autochtones sont bien plus respectés, et leur système de représentation est non seulement plus démocratique que celui du Chili, mais il reconnaît aussi et favorise la participation de ces peuples.

Sans aucun doute, le discours officiel et celui des autorités chiliennes actuelles sont marqués par le racisme et le négationnisme, ce qui se manifeste clairement par la présence de prisonniers pour raisons politiques et par l’application constante de politiques répressives chargées de racisme structurel et discursif. Les autorités politiques nous intentent des procès, la police raciste et corrompue nous persécute, les tribunaux racistes nous condamnent, et l’administration pénitentiaire nous harcèle et nous réprime dans les prisons chiliennes.

Quelle est, selon vous, l’influence de l’impérialisme dirigé par les États-Unis au Chili ?

L’un des moments historiques qui illustre le mieux la dépendance du capitalisme chilien à l’impérialisme yankee est la dictature de Pinochet. Par la suite, le maintien du modèle néolibéral et le système d’alternance du pouvoir entre les forces représentant l’oligarchie ont mis en évidence non seulement l’influence nord-américaine, mais aussi la dépendance du Chili au système capitaliste mondialisé, contrôlé par les multinationales yankees. Ce sont elles qui définissent les orientations économiques imposées à coups de sang et de feu dans une grande partie du monde.

C’est ainsi que nous comprenons pourquoi les autorités du gouvernement actuel ont soutenu l’ingérence, les blocus et les guerres contre la souveraineté des peuples et leur autodétermination. Nous voyons Boric soutenir non seulement Biden, mais aussi Zelenski, Milei et d’autres pro-impérialistes de la région, qui attaquent les gouvernements qui résistent quotidiennement aux politiques génocidaires et interventionnistes, comme le font le Venezuela, Cuba et le Nicaragua.

Désormais, de nouvelles décisions concernant l’influence yankee vont émerger, notamment en lien avec les intérêts géostratégiques autour du pétrole et d’autres ressources minières comme le lithium, qui seront livrés à l’avidité des puissants du monde. Cette soumission à l’impérialisme continue de se manifester, comme nous le constatons déjà.

En Europe, l’extrême droite progresse politiquement et socialement de manière inédite depuis la Seconde Guerre mondiale. Que pensez-vous de l’essor de l’extrême droite et de ses expressions fascistes en Amérique latine ? Quelle est, selon vous, la responsabilité du soi-disant progressisme et de la gauche dans cette montée ?

Oui, il y a une montée en puissance de l’extrême droite dans le monde, ce qui se manifeste en Europe mais aussi dans notre région, où nous assistons à une nouvelle offensive fasciste dans les gouvernements locaux. Cette offensive néo-fasciste repositionne la droite et l’ultradroite la plus fasciste et raciste, héritée des colonisateurs et usurpateurs de notre territoire ancestral.

Quand nous parlons d’une nouvelle offensive néo-fasciste au Chili, il faut comprendre que le Wallmapu a vu s’installer une véritable élite oligarchique, qui incarne la facette la plus raciste et fasciste de la droite chilienne. Ces élites sont les descendants des colons européens qui ont bâti leurs fortunes dans le sang et la violence contre le peuple Mapuche, en perpétrant un génocide et en exploitant sans retenue la nature, dévastant les territoires et imposant des politiques extractivistes qui visent l’extermination de nos communautés et de notre peuple. C’est contre eux que nous reprenons le Weichan Mapuche, en défense de notre peuple, de la nature et d’un système de justice basé sur la communauté.

En effet, une grande part de responsabilité revient à une pseudo-gauche et plus particulièrement au soi-disant « progressisme » dans l’ascension de l’ultra-droite et du fascisme. Cela s’explique par le fait que non seulement ils se sont soumis au système néolibéral, mais ils ont fini par l’administrer, en adoptant des programmes de gouvernement basés sur ce même néolibéralisme. À cela s’ajoutent leurs compromissions et leur manière corrompue et servile de faire de la politique.

Pensez-vous qu’il existe un plan de déstabilisation sociale dans le territoire historique Mapuche du Wallmapu, à travers l’avancée de groupes paramilitaires au service des intérêts du grand capital ?

Ce qui existe, c’est une stratégie de contention et de confrontation contre la cause Mapuche autonomiste, qui en pratique adopte une posture révolutionnaire, comme l’a toujours défendu la CAM. Il s’agit d’une stratégie politique et militaire conçue par les forces de domination, avec pour objectif de contenir et de détruire les forces mapuchistes qui, avec toujours plus de force et de conviction, luttent pour la reconstruction nationale.

Au Chili, il existe une politique de communication visant à diaboliser la cause Mapuche, et presque toute la presse officielle et servile du pouvoir y participe activement.

C’est l’État et l’ensemble de l’institutionnalité qui s’opposent à la CAUSE MAPUCHE. Mais c’est surtout le discours officiel, empreint de haine et de racisme, qui crée les conditions nécessaires pour justifier les politiques répressives et les soi-disant initiatives de « nouveau pacte » ou de « bien-vivre », dans le but d’endiguer la lutte pour nos territoires. Ce discours officiel, nourri de stigmatisation et de diabolisation, a progressivement vidé notre lutte de son soutien. Car presque tous les médias nous présentent avec des informations manipulées et de faux antécédents sur la véritable dimension et réalité de notre combat.

En fait, ces derniers temps, on parle sans retenue de notre résistance comme d’un acte terroriste ou criminel, alors que 90 % de nos actions reposent sur une éthique d’action politique humanitaire, de justice sociale et de défense des valeurs les plus nobles et dignes de l’existence humaine. Plus encore, la lutte Mapuche est devenue une véritable défense de la vie dans son sens le plus large, en protégeant et en préservant notre nature ainsi que toutes les formes de vie qui subsistent encore sur notre territoire ancestral. Il y a un engagement fort et visionnaire pour protéger un monde meilleur et plus juste pour les générations futures, en particulier dans la protection de la terre et la création d’un habitat et d’une société plus humaine, solidaire et communautaire, comme l’est le monde Mapuche.

Cependant, l’oligarchie, l’ultradroite, la presse fasciste, l’institutionnalité raciste et les serviteurs du système nous diabolisent et nous attribuent toutes sortes de fausses accusations et de montages mensongers, dans le but de nous affaiblir et de nous discréditer aux yeux du soutien populaire que nous devrions recevoir. À cet égard, il faut comprendre que le Chili s’est construit sur la base du racisme et du mépris envers les Mapuches, et que cela demeure une réalité brutale à laquelle nous devons continuer à résister.

Dans mon cas personnel, j’ai été condamné pour vol de bois, alors que je n’ai jamais participé à ce prétendu « délit ». Et ma condamnation pour apologie de la violence est tout simplement absurde, car elle repose sur l’expression d’idées et de convictions, dans un contexte où nous sommes confrontés à une violence structurelle et raciste qui cherche à nous exterminer. Face à cela, nous pensons que nous avons encore le droit de nous exprimer sur ce que nous ressentons et pensons.

Quelle est l’opinion de la CAM et sa position face à la Commission pour la Paix et l’Entente qui doit présenter un rapport en novembre au Président de la République ?

Cette situation nous permet de prévoir l’échec retentissant de cette instance, qui cherche seulement à détourner l’attention du cœur du conflit, à savoir la propriété ancestrale et la lutte territoriale.

En fait, il ne nous surprend pas que Gabriel Boric veuille assurer sa gouvernabilité au prix de criminaliser et d’exclure les organisations autonomistes mapuches ; cela fait partie de son idéologie et de sa gouvernance néolibérale, et ce sera son héritage.

La CAM a subi au cours des dernières décennies la violence de l’État capitaliste : criminalisation, judiciarisation, emprisonnement politique. Mais aussi des morts assassinés, le plus récent étant le cas de Pablo Marchant, qui a été initialement rapporté dans la presse comme s’il s’agissait de son fils Ernesto Llaitul.

La CAM, en tant qu’organisation mapuche autonomiste, a toujours souffert depuis ses débuts de la persécution politique, de la violence structurelle et politique de la part de l’État, de ses institutions et de ses agents. Cette violence se manifeste dans l’actuel ordre politique, juridique, institutionnel et culturel contre le peuple mapuche mobilisé. La militarisation, la criminalisation, la judiciarisation avec emprisonnement politique et l’assassinat de nos Weichafe (guerriers) illustrent clairement cette violence de la part de l’État chilien.

Le cas de Pablo Marchant illustre clairement cette réalité de violence, tant étatique que des groupes paramilitaires au service des entreprises forestières qui opèrent en toute impunité au Wallmapu, car dans son assassinat cruel sont impliqués des agents de l’État et des membres des mafias qui opèrent sous la protection des institutions oppressives, ce que les procureurs anti-mapuches, les policiers et les autorités ignorent.

Les médias hégémoniques ont récemment diffusé une interview de la mère de Pablo Marchant affirmant que la CAM empêche l’exhumation de son fils pour réaliser une autopsie. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?

Il est nécessaire de comprendre d’où vient cette contradiction, car ce sont les médias hégémoniques qui ont le plus diffusé l’interview de la lamien (sœur) Miriam, mère de Pablo, avec l’objectif de générer une divergence et une controverse avec la position de la CAM. En fait, il a été affirmé que la CAM empêche l’exhumation, alors qu’en réalité, ce qui est soutenu, ce sont les positions politico-stratégiques, ainsi que la réaffirmation de nos principes et lignes basées sur le Mapuche Kimün (savoir mapuche) et le Mapuche Rakiduam (pensée mapuche). Il y a donc une cohérence absolue de la part de la communauté mentionnée, de notre organisation et du porte-parole que nous avons soutenu avant, pendant et que nous continuerons à affirmer afin d’avancer dans cette lutte de libération, où les aspects culturels et spirituels sont l’essence de nos convictions et définitions, et face auxquels nous ne transigerons pas, car cette lutte sera définitive ; il s’agit de la reconstruction de la Nation Mapuche.

On a cherché à créer une polémique et une division ultérieure entre ceux qui luttent pour la justice. À notre avis, nous pensons que l’institutionnalité a coopté certains secteurs qui se sont joints à la demande de justice de la famille, qui ont influencé l’idée que les mécanismes passent par les mêmes institutions responsables de l’oppression et de la répression de notre lutte pour le territoire et l’autonomie. En fait, chercher la justice auprès du parquet anti-mapuche et des tribunaux racistes où opèrent la police et les militaires criminels est une chimère, c’est un non-sens. Pour nous, la voie aurait toujours dû être l’interpellation et l’établissement de mécanismes alternatifs où notre peuple organisé aurait une incidence. Faire partie du discours officiel de diabolisation basé sur des mensonges et des montages est également un non-sens, et frapper les déchus en période de désavantage nous semble également une offense. Cependant, nous comprenons la douleur et l’impuissance, mais nous n’accepterons jamais la transgression de notre ligne et des principes pour lesquels notre peuple a payé de son sang, de sa sueur et de ses larmes pour retrouver la dignité volée depuis des siècles. La lutte mapuche pour la reconstruction nationale est la dignité même, c’est une lutte juste et belle que nous ne renierons jamais, et nous sommes convaincus que Toño (Pablo Marchant) est avec nous là-bas depuis le Wenu Mapu (territoire céleste), et qu’il est présent dans chaque action et attitude de rébellion et de résistance pour continuer à être le Peuple Nation Mapuche.

Nous sommes absolument clairs sur le fait que les médias remplissent une fonction définie au service des puissants ; de la presse bourgeoise, n’en parlons pas, leur haine envers les mapuches les place dans des siècles passés ; des médias soi-disant indépendants et progressistes, nous concluons qu’ils se sont vendus, ou plutôt se prostituent au plus offrant. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’interview qui a cherché non seulement à créer la confusion, mais aussi une position anti-CAM teintée de racisme et de mépris envers l’organisation et notre lutte. Cela fait un moment que Radio Bio Bio joue ce triste rôle, où « certains journalistes » répondent aux exigences des secteurs fascistes ou participent à certaines opérations de renseignement visant à discréditer la lutte la plus cohérente avec les valeurs et les principes autonomistes que nous menons en tant que Weichafe de la CAM.

Extraire le corps de Toñito et le placer dans un cimetière commun est un coup de poignard au cœur de notre cause, cela crée les conditions pour une nouvelle incursion-occupation des terres récupérées. C’est une atteinte au contrôle territorial et une offense à notre spiritualité. Mais il ne faut pas négliger le fait et la conviction que c’est le Weichafe qui a choisi de rester avec les pu lonko et qu’il a ainsi été enterré dans l’ELUWUN avec des centaines et des milliers de Mapuche autonomistes.

Le peuple-nation mapuche est-il une nation opprimée, un peuple opprimé ?

Oui. Depuis que l’État chilien et argentin ont attaqué militairement notre peuple et que nous avons subi une défaite temporaire, nous avons été dépouillés de plus de 95 % de notre territoire ancestral, et notre peuple a été réduit et soumis manu militari à un système colonial et raciste qui nous a laissés dans une réalité de peuple pauvre, désarticulé, en survie et en résistance, mais avec le droit d’assumer la rébellion face à tant d’injustice. C’est pourquoi nous avons proposé la Libération Nationale Mapuche.

Quelles similitudes et différences existent avec d’autres peuples opprimés comme les Palestiniens ?

Tous les peuples opprimés du monde partagent une situation spécifique : nous sommes opprimés au bénéfice d’une classe dominante qui, à son tour, utilise divers acteurs nationaux et internationaux pour maintenir cette oppression. Cette structure de l’oppression est historique et s’est actualisée jusqu’à nos jours en raison de la nécessité du capital de s’étendre à tous les coins du monde.

De même, la similitude réside dans un grand paradigme qui est l’autodétermination des peuples, ce qui nous place dans la lutte et la solidarité avec ceux qui croient et travaillent pour les souverainetés et les autonomies avec leurs différentes expressions, selon leurs identités et manifestations culturelles. Ceux qui luttent comme la CAM avec une proposition de Libération Nationale des peuples. C’est pourquoi notre lutte est en grande harmonie avec la lutte du peuple kurde, catalan, basque, et celle qui se déroule actuellement au Liban et surtout celle du peuple palestinien, envers qui nous manifestons notre solidarité et notre soutien dans leur résistance contre le sionisme israélien.

Quelle est l’importance de la solidarité internationale envers le peuple mapuche ?

Elle est fondamentale pour nous, surtout parce qu’ici nous nous sentons et sommes plus abandonnés qu’avant, d’une part, à cause du revirement et de la trahison de la Cause Mapuche par les pseudo-gauchistes et progressistes (qui n’ont jamais été dans la lutte de notre peuple). En ce sens, nous devons affirmer que l’éventail de nos ennemis et adversaires politiques s’est élargi, tout comme les détracteurs et critiques de la cause mapuche autonomiste. Considérant qu’au Chili le racisme est une réalité qui envahit pratiquement toute la société chilienne, plus le rôle des médias dénigrant et discréditant la cause mapuche, nous devons comprendre que c’est à l’extérieur que nous pouvons être plus valorisés, si l’on observe avec plus d’objectivité ce qui se passe réellement dans cette confrontation historique. Pour cette raison, nous remercions la possibilité de nous exprimer dans cette interview en donnant notre vision des faits et de la réalité d’un conflit historique.

Pensez-vous qu’il est important que des organismes de défense des droits de l’homme soient présents et observent les procès en cours, la détention politique mapuche et, en particulier, votre cas ?

Cela nous semble également fondamental, car nous continuons d’affirmer que nous et les communautés avons raison dans ce conflit historique, dans lequel nous sommes en totale désavantage. C’est comme la lutte entre David et Goliath, où nous devons subir les conséquences de continuer à résister.

Il existe au Chili une violation de tous les droits fondamentaux des peuples autochtones. Ce pays est le plus en retard dans ce domaine, non seulement en ce qui concerne les droits constitutionnels et politiques, mais lorsque le mouvement mapuche en lutte progresse et que les contradictions s’aggravent, l’État assume avec plus de force la répression et les abus contre notre peuple, ce qui est une constante (violation des droits de l’homme) dans tous les domaines, avec des policiers et des militaires répressifs, avec des tribunaux racistes et avec des autorités complaisantes qui finissent par être fonctionnelles au système.

La nécessité d’observateurs internationaux des droits de l’homme est fondamentale en matière de droits politiques territoriaux, dans le domaine de la criminalisation de la cause mapuche, du droit à une procédure régulière et de la violation des droits culturels en tant que peuple autochtone.

Souhaitez-vous ajouter quelque chose ? Envoyer un message à la communauté internationale ?

Le peuple-nation mapuche est connu au niveau international comme un peuple guerrier, ainsi la figure de LAUTARO, Leftraru, est dans la mémoire des grands héros des causes justes dans le monde. En fait, le génie militaire de ce grand leader est étudié dans les grandes académies militaires européennes. Cependant, la contribution de ce grand Weichafe doit être comprise comme la résistance de tout un peuple qui, cohésif et uni, a su maintenir un type de société, une cosmovision avec divers éléments culturels et idiosyncratiques qui caractérisent un peuple digne, qui a maintenu en haut les meilleures valeurs de l’humanité, surtout en ce qui concerne le respect et la reconnaissance du lien insondable de l’homme avec la terre. Héritage que nous, les mapuches qui voulons continuer à exister, recueillons aujourd’hui, pour lequel nous devons nous libérer de l’oppression et des injustices que nous subissons encore du système de domination. Telle a été notre histoire, telle est l’empreinte de notre réalité avant, maintenant et toujours ; c’est pourquoi les Weichafe doivent résister et continuer sur le chemin du Weichan Mapuche et être une contribution à ce grand processus de reconstruction de la Nation Mapuche. D’où le sens de l’auto-convocation aux personnes conscientes et solidaires pour accompagner ce processus de lutte et donner sens et vie à notre cri de guerre et slogan politique Amulepe Taiñ Weichan ! Marrichiweu ! Weuwaiñ !!