Le bureau du procureur général du Guatemala a déclaré jeudi qu’il allait demander le retrait du droit à l’immunité provisoire du président et de la vice-présidente élus, Bernardo Arévalo et Karin Herrera.
Lors d’une conférence de presse, le ministère public les a accusés d’avoir participé pendant une partie des années 2022 et 2023 à l’occupation du campus de l’université de San Carlos, dans le cadre de manifestations de rejet des élections à l’université et pour exiger la démission du recteur Walter Mazariegos.
Selon le ministère public, Arévalo et Herrera sont soupçonnés d’avoir commis le délit de dégradation des biens de l’université publique. Dans le cas du président élu, le procureur chargé de l’enquête, Saúl Sánchez, a déclaré qu’il pourrait avoir commis des délits d’usurpation aggravée, de déprédation de biens culturels et d’association illicite.
Selon les médias, M. Sánchez a présenté comme preuves présumées contre M. Arévalo des captures d’écran de vidéos montrant le président élu en train de participer à des événements universitaires, qui ont eu lieu après la fin de la prise de contrôle du campus.
Outre Arévalo et Herrera, le ministère public demandera la levée de l’immunité des députés suivants : Samuel Pérez, Román Castellanos et Raúl Barrera (du mouvement politique Semilla, qui a remporté les élections), l’indépendant Aldo Dávila et Adán Pérez, législateur représentant le mouvement politique indigène Winaq.
Il y a quelques heures, pour cette même affaire, un mandat d’arrêt a été lancé contre la députée Marcela Blanco (Semilla), qui a déjà été appréhendée, et contre 25 autres personnes.
Sur le réseau social X, M. Arévalo a qualifié de fallacieuses et d’inacceptables les actions du ministère public à l’encontre des membres de Semilla. Il a également exigé le respect de l’intégrité de Marcela Blanco et a annoncé que le mouvement prenait les mesures nécessaires pour les protéger.
Pour sa part, le candidat indépendant Aldo Dávila a dénoncé le fait que le pays est confronté à une violation manifeste de la constitution et à une persécution politique. Il a remis en cause la levée de l’immunité du couple présidentiel élu, qu’il a qualifiée d’inédite et de tentative de l’empêcher de prendre ses fonctions.
Il a déclaré que le coup d’État était toujours en cours et que pour le pacte de corrompus qui dirige le pays, toute voix s’élevant pour défendre la démocratie devait être criminalisée, ce qui garantirait la conservation du pouvoir et l’impunité.
Les déclarations des députés Arévalo, Dávila et Semilla sur le danger latent d’une rupture constitutionnelle interviennent dans le contexte de plusieurs semaines de manifestations pour la défense de la démocratie. Les mobilisations exigent également la démission de la procureure générale, Consuelo Porras, ainsi que d’autres fonctionnaires qui ont interféré dans le processus électoral.
Les organisations indigènes du Guatemala ont poursuivi leurs manifestations pour exiger la destitution de la procureure générale et chef du ministère public (MP), Consuelo Porras, au 45e jour des manifestations.
Des dizaines de manifestants campent devant le siège du ministère public dans la capitale guatémaltèque, tout en assurant qu’ils persisteront jusqu’à l’entrée en fonction du leader du Mouvement des semences, Bernardo Arévalo de León, en janvier prochain.
Les organisations ancestrales se sont organisées pour maintenir la manifestation pacifique avec le soutien de différents départements du pays pour dénoncer la tentative de coup d’État du bureau du procureur général contre la décision démocratique du peuple.
Les manifestants accusent Porras et les procureurs Cinthia Monterroso et Rafael Curruchiche, ainsi que le juge Fredy Orellana, de tenter de modifier les résultats des élections qui se sont déroulées en juin et en août derniers.
Fin septembre, le ministère public a saisi les procès-verbaux de vote dans le cadre d’une procédure sans précédent, suite à des perquisitions au siège du Tribunal suprême électoral et du Mouvement Semilla.
Pour sa part, la directrice du ministère public a qualifié les barrages routiers de crime, tout en assurant que ces actions « violent gravement les droits de tous les Guatémaltèques ».
Source: Telesur 1er article / 2e article – Traduction: Romain Migus