Daniel Jadue est maire de Recoleta et membre du Parti Communiste Chilien. Toutes les enquêtes d’opinion le placent en tête du premier tour des élections présidentielles qui se tiendront en fin d’année au Chili. L’accusation d’antisémitisme, relevé par notre ami Pierre Cappanera, fin analyste de la politique chilienne, nous a interpelé à plus d’un titre. En effet, d’une part parce que nous savons qu’elle est diffamatoire, et qu’elle vise donc à un objectif politique non avoué. D’autre part, parce qu’elle ressemble à s’y méprendre à une campagne que nous avons bien connu. En effet, il y a maintenant 15 ans, le même Centre Simon Wiesenthal (qui accuse aujourd’hui Jadue) inventait une calomnie similaire pour tenter de stigmatiser l’ancien président vénézuélien Hugo Chávez. Cette campagne médiatique avait trouvé un écho particulier après la reprise de ces accusations dans un article diffamatoire du journal français Libération. Le journaliste Romain Migus avait alors averti de la supercherie médiatique dans un article paru sur Le Grand Soir (à l’époque, on ne disait pas encore Fake News). Or, les mêmes acteurs s’en prennent désormais à Daniel Jadue dans le but explicite de stopper son ascension politique. L’article suivant de Pierre Cappanera est un antidote préventif aux futurs fakes news que les médias dominants ne manqueront pas de publier sur ce thème. Les 2 Rives
Daniel Jadue, antisémite ?
C’est ce qu’affirme le Centre Simon-Wiesenthal dont le siège se trouve aux USA. Il le classe même dans le « Top 10 des pires antisémites de l’année 2020 ». Rien de moins ! Du grand n’importe quoi !
Qu’est-ce qui vaut à Daniel Jadue une pareille accusation ? Je cite les phrases que le Centre Simon-Wiesenthal a collecté pour démontrer l’antisémitisme de Daniel Jadue :
« C’est une insulte que l’État d’Israël, par ses agents ici au Chili, veuille importer le conflit (israélo-palestinien au Chili) ». « Les dirigeants de la communauté juive du Chili agissent au nom de l’État d’Israël au Chili ». « ils doivent (…) définir s’ils sont citoyens chiliens ».
Ces propos sont tirés d’une interview où Daniel Jadue était interrogé sur les liens entre l’Etat d’Israel et les représentants de la communauté juive chilienne avec Israel. Ceci faisait suite à des déclarations pour le moins étonnantes des dirigeants de la communauté juive au Chili concernant le conflit israélo-palestinien. On pouvait légitimement se demander si ces représentants n’intervenaient pas plutôt comme les ambassadeurs d’Israel au Chili.
Autre élément d’accusation contre Daniel Jadue, l’année dernière, la municipalité de Recoleta dont il est le maire avait voté une motion de soutien à la Palestine qui affirmait que « le peuple palestinien a été victime d’un plan délibéré de violence et de terreur de la part de groupes sionistes armés … »
Ce sont les « preuves » de l’antisémitisme de Daniel Jadue qu’a trouvées le Centre Simon-Wiesenthal. Vous pouvez aller sur leur site et vérifier par vous-mêmes : www.wiesenthal.com .
Daniel Jadue est lui-même d’origine palestinienne. Ce sont ses grands-parents qui sont arrivés il y a plus d’un siècle au Chili. Le lieu historique de regroupement des palestiniens à l’époque était la commune de Recoleta dont Daniel Jadue est aujourd’hui le maire.
La gravité de l’attaque de la part du Centre Simon-Wiesenthal démontre à quel point la candidature communiste de Daniel Jadue à la présidentielle est prise très au sérieux par les USA. Tous les contre-feux possibles sont allumés. Mêmes les plus aberrants. Une fois de plus, toute critique d’Israel, tout soutien à la Palestine est assimilé à de l’antisémitisme.
Il y a quasi unanimité dans la classe politique chilienne pour dire qu’il n’est pas possible de dire que Daniel Jadue est antisémite parce qu’il critique la politique d’Israël et défend les droits du peuple palestinien. Même à droite, on entend des voix soutenir Daniel Jadue contre les infamies du Centre Simon-Wiesenthal. Quasi unanimité sauf chez les partisans de Pinochet qui se découvrent une vocation antiraciste ! Ce sont les plus virulents à condamner «l’antisémitisme» de Daniel Jadue ! Ils oublient sans doute que leur idole, Jaime Guzmann, le bras droit de Pinochet, celui qui a écrit la Constitution de la dictature, déclarait, «si je devais choisir entre le nazisme et le communisme, je choisirais le nazisme ».
Pierre Cappanera