Le Parlement européen a condamné la détention de l’ancienne présidente Jeanine Añez et a demandé aux autorités boliviennes de la libérer, ainsi que deux de ses ministres et d’autres hommes politiques emprisonnés, et d’abandonner les charges politiquement motivées qui pèsent sur eux.
« Le Parlement européen dénonce et condamne la détention arbitraire et illégale de l’ancienne présidente intérimaire Jeanine Añez, de deux de ses ministres et d’autres prisonniers politiques, et appelle les autorités boliviennes à les libérer immédiatement et à abandonner les charges politiquement motivées qui pèsent sur eux », peut-on lire dans la résolution sur cette affaire.
La motion de condamnation a été adoptée par 396 voix pour, 267 contre et 28 abstentions, soit une majorité beaucoup plus faible que celle habituellement obtenue pour les résolutions au Parlement européen, car elle a été présentée et soutenue par trois des sept groupes politiques au niveau de l’UE : le Parti populaire, les libéraux et les conservateurs.
« Elle appelle à un cadre de justice transparent et impartial, exempt de toute pression politique, et exhorte les autorités à fournir toute l’assistance médicale nécessaire pour assurer leur bien-être », poursuit le document.
La résolution conjointe (RC-244/2021) approuvée ce matin pour la libération d’Añigo, inclut également les anciens ministres de l’Énergie et de la Justice, Rodrigo Guzmán et Álvaro Coímbra respectivement.
Les sociaux-démocrates, les Verts et la gauche avaient proposé une résolution alternative appelant à « une solution dans un cadre de justice transparente et sans pression politique pour les accusations des événements de 2019 », y compris la détention d’Añez, ainsi que le respect de ses droits pendant sa détention.
Cependant, seule la première des deux résolutions, celle poussée par l’aile droite de l’hémicycle communautaire, a abouti.
Añez est en détention préventive depuis plus d’un mois dans le cadre de du coup d’État, fondée sur des allégations de complot, de sédition et de terrorisme présumés pendant la crise politique et sociale survenue à la fin de 2019.
Dans ce contexte, le Parlement européen a souligné que Mme Añez « s’est pleinement acquittée de son devoir de deuxième vice-présidente du Sénat, comblant le vide présidentiel » laissé par M. Morales et a rappelé que la Cour plurinationale de Bolivie a soutenu le transfert des pouvoirs en faveur de l’ancien président, désormais emprisonné.
Lors des débats, le parlementaire Leopoldo Lopez Gil [député du Parti Populaire espagnol et père du fasciste vénézuélien Leopoldo Lopez, Note des 2 Rives], a pris la défense de l’ancienne présidente et a déclaré que les crimes dont elle est accusée « ont peu à voir avec sa personne ».
« Mme Añez a été emprisonnée et faussement accusée de délits de sédition, de conspiration et de terrorisme, qui n’ont pas grand-chose à voir avec sa personne, puisqu’elle a assumé la présidence en novembre 2019 de manière légale, pour avoir été vice-présidente du Sénat et en application directe de l’article 169 de la Constitution », a fait valoir M. López Gil lors de la séance.
Le commissaire européen chargé du voisinage et de l’élargissement, Oliver Varhelyi, a fait valoir que Bruxelles a déjà demandé publiquement que les accusations contre Añez liées aux événements de 2019 soient traitées dans le cadre d’un processus judiciaire « transparent et équitable, en toute indépendance, sans pression politique et dans le plein respect de la séparation des pouvoirs ».
Lors de son discours, le député Javier Lopez a affirmé qu’il ne devrait pas y avoir d' »ingérence » sur le gouvernement bolivien et que l’UE devrait avoir des « positions constructives ».
« Ce que nous devons faire depuis l’Europe, c’est avoir une position constructive, exiger évidemment toutes les garanties dans les processus judiciaires, mais aussi respecter l’état de droit et aucune ingérence politique dans un processus judiciaire, ni de la part du gouvernement bolivien, ni de la part du pouvoir législatif européen du Parlement européen, sans ingérence », a déclaré Lopez en contact avec l’ATB.
La délégation de l’Union européenne à La Paz est en contact avec la famille de Jeannine Añez et avec le représentant des Nations unies qui rend régulièrement visite à Añez en prison.
Le Parlement européen s’inquiète du « manque d’indépendance et d’impartialité du système judiciaire bolivien ».
Dans sa résolution, le Parlement « exprime sa préoccupation face au manque d’indépendance et d’impartialité du système judiciaire bolivien et à la prévalence de problèmes structurels ; il constate que ce manque d’indépendance affecte l’accès à la justice et, plus généralement, sape la confiance des citoyens dans le système judiciaire national ».
Dans sa résolution, le Parlement « exprime sa préoccupation face au manque d’indépendance et d’impartialité du système judiciaire bolivien et à la prévalence de problèmes structurels ; il constate que ce manque d’indépendance affecte l’accès à la justice et, plus généralement, sape la confiance du public dans le système judiciaire national ».
Dans ce scénario, les députés demandent à la Bolivie d’apporter des « changements structurels et des réformes » dans la composition du système judiciaire et de s’attaquer au « problème généralisé » de la corruption dans le pays, ainsi que de modifier les définitions du terrorisme dans le code pénal pour les rendre plus proportionnelles.
En outre, ils demandent au bureau du procureur général de rouvrir l’enquête sur le détournement présumé par le gouvernement Morales de 1,6 million de dollars de fonds publics par le biais de paiements irréguliers à la société de conseil Neurona.
Source: Pagina 7 – Traduction: Romain Migus