Dès l’autoproclamation de Juan Guaido en janvier 2019, l’entreprise CITGO Petroleum a été la cible d’une vaste bataille politique, juridique et narrative cherchant à en prendre le contrôle.
Quelques précédents
Cette filiale étatsunienne de l’entreprise d’Etat Petroleos de Venezuela (PDVSA) exploite 3 énormes raffineries ayant une capacité quotidienne de traitement de 769 000 barrils, et 4 000 stations service réparties sur le territoire de 30 Etats des USA. Pesant par ailleurs plus de 8 milliards de dollars sur le marché, CITGO est devenue au fil des années des années un actif très convoité.
Déjà bien avant le saut dans le vide de Guaido, CITGO était dans la ligne de mire du gouvernement étatsunien. Le 21 mai, soit 24 heures à peine après la victoire électorale de Nicolas Maduro à la présidence de la République, le président Trump a émis l’Ordre exécutif n°13835 visant à interdire la vente, le transfert ou la mise en garantie de toute entité présente sur le territoire américain où le gouvernement bolivarien aurait une participation au capital supérieure à 50%.
Si cette mesure restrictive ciblait logiquement CITGO comme entreprise, elle allait bien plus loin puisque, selon un économiste farouche opposant de l’époque, c’était la capacité pour le gouvernement vénézuélien de se financer depuis l’extérieur qui s’en trouvait désormais très sérieusement compromise.
Sur le moment la manoeuvre fut interprétée comme étant le début d’un embargo officiel de l’entreprise, chose qui se trouva confirmée par la suite.
En août 2018, l’offensive juridique de la corporation Crystallex (dans l’équipe juridique de laquelle figurait l’avocat José Ignacio Hernandez, futur « procureur » nommé par Guaido…) portait ses fruits auprès de la Cour de l’Etat du Delaware présidée par le juge Leonard Stark. L’argument selon lequel le contrôle de PDVSA sur CITGO en faisait l’alter ego de la République Bolivarienne du Venezuela, légitimait la réclamation de l’entreprise minière canadienne de résoudre en sa faveur un ancien litige via les actifs de CITGO Petroleum.
En 2018 le gouvernement étatsunien ne s’est pas contenté de tailler des croupières à l’entreprise d’Etat vénézuélienne ; la menace d’un dépouillement radical s’est faite plus insistante et dangereuse à partir du moment où le « procureur » nommé par l’usurpateur Guaido a entrepris d’offrir CITGO sur un plateau d’argent aux firmes pour lesquelles il avait travaillé auparavant…
Quelques jours après l’autoproclamation de Guaido, dans la première quinzaine de février, ses partisans à l’Assemblée Nationale nommèrent une nouvelle équipe dirigeante de CITGO et de PDVSA Holding, en outrepassant les dispositions du cadre juridique existant ; à sa tête : Luisa Palacios et Carlos Jorda, tous deux étroitement liés aux secteurs financiers et pétroliers étatsuniens.
La décision fut présentée officiellement comme un premier pas concret dans la campagne de « protection des actifs » ; officieusement il s’agissait ni plus ni moins que du pillage des actifs nationaux sous le prétexte de lutter contre la corruption du gouvernement de Nicolas Maduro.
Dans cette affaire, il est à souligner le rôle central de Carlos Vecchio, l’émissaire de Guaido aux Etats-Unis, qui a manoeuvré avec fermeté et rapidité. En mars il a fait une visite « protocolaire » auprès de CITGO pour signifier la prise de contrôle effectif de l’entreprise par le gouvernement parallèle.
Vecchio a justifié le changement illégal d’équipe dirigeante par la volonté de « protéger nos actifs, de stopper le processus de destruction qui conduirait inévitablement à la perte de l’entreprise »
Et pour occulter l’énormité que représente le détournement de CITGO, Vecchio a usé de démagogie pour distraire l’opinion publique. L’idée qu’il répandait était la suivante : les vénézuéliens seraient les grands bénéficiaires de cette opération; « tout cet argent doit être investi dans un développement économique et social qui favorise la création d’emploi et porte le salaire minimum, non plus à 5 dollars comme actuellement, mais à des niveaux conséquents permettant une augmentation significative du pouvoir d’achat ».
Un porte-parole du Département du Trésor des Etats-Unis, interrogé par Voice Of America, a indiqué, en se référant à la licence 7B, que ces mesures contre CITGO avaient pour but d’empêcher « que le moindre bénéfice ne revienne au gouvernement illégitime de Maduro ». C’est à partir de ce moment-là, et en complément à l’Ordre exécutif 13835 de l’année précédente, que le Venezuela se verra interdire l’accès aux combustibles, pièces détachées et autres intrants dont a besoin PDVSA.
Réajustement des sanctions
Le 28 janvier 2019, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, et celui qui était encore conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, annoncèrent l’inclusion de PDVSA dans la liste des nationaux vénézuéliens spécialement désignés et les personnes bloquées (SDN selon les sigles en anglais), conformément à l’Ordre exécutif 13850 émis en novembre 2018.
Cela a eu pour conséquence l’embargo définitif à l’encontre de PDVSA et de ses filiales et donc le blocage de tout type de transaction avec des entreprises étatsuniennes, ouvrant ainsi la voie à de redoutables sanctions secondaires. Parallèlement 9 licences dérogatoires permettant la poursuite d’opérations dorénavant bloquées avec PDVSA furent émises : entre autres, le projet d’extension de Chevron au Venezuela, certaines transactions en bons spécifiques et des activités commerciales de CITGO.
Parmi ces licences, il convient de signaler la 7B qui autorise CITGO à opérer sur le marché étatsunien. Cette licence, qui a été reconduite sans interruption depuis 2019 jusqu’à ce jour, permet à Washington d’empêcher que les dividendes de l’entreprise reviennent à Caracas et donne à Guaido et son équipe le contrôle effectif de la filiale.
Autrement dit la licence 7B, et d’autres du même calibre, renforce l’embargo tout en confortant l’emprise administrative des putschistes.
Boycott énergétique et financier
Aujourd’hui l’entreprise est dans une situation d’extrême vulnérabilité ; surtout depuis la décision du juge Leonard Stark, fin mai 2020, reconnaissant à la corporation Crystallex ses droits légitimes sur CITGO, ce qui va conduire à la vente aux enchères des raffineries détenues par cette dernière.
Ce revers juridique représente un coup désastreux porté non seulement à la gestion dite de « protection des actifs » promue par Guaido, mais également au procureur usurpateur, José Ignacio Hernandez, qui a clairement affaibli la défense des intérêts nationaux vénézuéliens en se substituant abusivement au procureur général de la République bolivarienne devant les tribunaux étatsuniens.
Le déchaînement des réactions face à cette situation a confirmé de façon définitive le discrédit de Guaido. Parallèlement le gouvernement étatsunien a modifié ou étendu la portée de certaines licences de l’an passé afin d’éviter que CITGO ne soit vendue aux enchères comme l’a prévu l’ordonnance du juge Stark de l’Etat du Delaware.
Pendant ce temps l’équipe dirigeante de CITGO fait semblant de croire que tout est normal. En février de cette année, en guise d’anniversaire pour sa prise de contrôle, elle a émis un rapport d’activités dans lequel elle souligne le changement d’orientation stratégique de l’entreprise et la façon dont tout cela s’insère dans le boycott énergétique et financier contre le Venezuela.
« Nous avons également pris les mesures nécessaires pour améliorer notre capacité d’adaptation en optimisant de façon efficiente notre approvisionnement : le pétrole brut bon marché en provenance de la Colombie, du Mexique et de l’Equateur remplace désormais celui du Venezuela, et nous sommes de plus en plus compétitifs sur le marché du pétrole brut léger aux Etats-Unis. Ce dernier représente 48% de l’approvisionement en brut de CITGO et 64% du total de brut de la côte du Golfe des Etats-Unis. » selon le rapport.
Ces changements de route d’approvisionnement ont bénéficié à des compagnies pétolières aux Etats-Unis et dans des pays de la région en concurrence directe avec PDVSA ; les sanctions étatsuniennes ont servi de munitions à la concurrence déloyale et à la guerre commerciale contre le Venezuela.
Le rapport mentionne également que « ces efforts ont non seulement aidé à mieux alimenter le marché nord-américain, mais ils nous ont aussi permis de nous positionner comme un important exportateur de produits raffinés, puisque les exportations représentent à ce jour 25% du chiffre d’affaires de CITGO »
Ainsi l’équipe dirigeante mise en place par Guaido fait-elle passer les sanctions destructrices étatsuniennes pour des réaménagements opérationnels de CITGO. Et pendant que d’un côté Washington bloque et menace tous les navires, les assurances et les compagnies de navigation impliquées dans le commerce d’essence avec le Venezuela, de l’autre CITGO augmente ses exportations de combustible en profitant des pénuries consécutives aux sanctions.
Un reportage du New York Times de 2018 indiquait que CITGO envoyait au Venezuela « environ 29 000 barils de pétrole quotidiens de combustible raffiné tel que l’essence. » De plus, ajoute le media, « CITGO importait quotidiennement 175 000 barils de pétrole brut vénézuélien, soit 1/5 des barils exportés dans le monde entier, ce qui représentait des rentrées en dollars conséquentes pour un gouvernement de gauche»
Le résultat est là : la substitution par CITGO du pétrole vénézuélien par du pétrole en provenance d’autres pays représente un manque à gagner très conséquent pour les finances vénézuéliennes et PDVSA et les 29 000 barils quotidiens de produits raffinés que CITGO destinait auparavant au Venezuela sont très sûrement exportés ailleurs et ne reviennent donc pas dans les coffres du Venezuela… On a là un modèle parfait de brigandage et de corruption.
Grâce au contrôle exercé sur CITGO, Washington exacerbe le blocus sur les combustibles et l’assèchement des devises, les 2 vecteurs principaux de la guerre économique.
Un récent reportage publié par Reuters souligne que la pénurie d’essence est dûe à la fracture dans les relations naturelles qui liaient CITGO à PDVSA, la maison-mère, en raison des sanctions nord-américaines:
« Les échanges entre PDVSA et son associée privilégiée CITGO, filiale essentielle au raffinage en territoire américain, furent interrompus quand le gouvernement de Donald Trump a entrepris de sanctionner PDVSA en janvier 2019 dans le cadre de sa campagne visant à destituer le président Maduro« , précise le journaliste Luc Cohen.
Au profit des possédants
Dans ce même reportage fut consultée la vénézuélienne Luisa Palacios, qui remplit actuellement le rôle de présidente du conseil d’administration de Citgo appointée par Guaidó. Selon La Tabla, Palacios fait partie d’une famille oligarchique de Caracas et a travaillé pour des institutions financières américaines depuis longtemps.
Palacios dit au New York Times en 2018 que :
L’intégrité de Citgo comme entreprise est en péril […] Je ne vois pas comment PDVSA pourrait conserver Citgo, parce que tout Citgo est engagé d’un côté ou de l’autre par différents types de prêteurs et des créditeurs mécontents sont en train de réussir à affecter sa stabilité.
L’intérêt soutenu de Palacios pour les prêteurs de Citgo a laissé sa marque dans les rapports de performance de la nouvelle direction :
Quand nous avons assumé notre rôle de membres du conseil d’administration ce février dernier, notre première tâche était d’installer CITGO sur une base financière solide. Pendant l’année 2019, nous avons refinancé avec succès 70% de la dette agrégée de CITGO et de CITGO Holding, réussissant ainsi à réduire les coûts de la dette de CITGO Holding de 200 millions de dollars en 5 ans, nous informe le rapport mentionné
Un autre rapport plus récent affirme que le :
6 juin 2020, le Conseil d’Administration de CITGO approuva le paiement de dividendes recommandé d’approximativement 63 millions à sa société-mère directe, CITGO Holding, Inc., qui s’effectua le 29 juin 2020. A peine quelques jours plus tard, CITGO refinança avec succès son prêt Fin 2021 avec le produit d’une offre privée de billets à ordre senior garantis à 7%, à échéance fixée en 2025. L’offre de billets à ordre vu ses souscriptions affluer en excès, ce qui permit à CITGO d’augmenter l’offre à 1 225 mille millions de dollars et ainsi que d’ajuster la proportion de liquidités additionnelles.
Ces rapports établissent un ensemble de priorités financières du nouveau conseil d’administration relatif à la destination finale des gains générés par l’entreprise.
Au sein des nouvelles priorités se croisent l’endettement, le paiement des créanciers et la maximisation des dividentes qui, paradoxalement, sont reçus par une « maison mère » qui est elle aussi contrôlée par Guaidó.
Le principe avancé Carlos Vecchio qui consiste à utiliser l’argent de Citgo pour générer « plus d’opportunités de développement économique et social au Venezuela » s’est donc avéré être une farce. Luisa Palacios et Carlos Jordá, tous deux au sommet de la gestion illégale de Citgo, se sont ligués contre les intérêts du Venezuela.
De l’argent en hélicoptère
Une organisation importante au sein de ce gigantesque réseau qu’est Citgo est la Fondation Simón Bolívar (FSB), une fondation privée non lucrative fondée en 2006 pour fournir de l’assistance médicale variée au Venezuela et aussi aux Etats-Unis.
L’organisation, avant le rapt perpétré par Guaidó, s’était démarquée comme une source de soutien pour l’assistance médicale auprès des enfants atteints du cancer, auxquels elle couvrait les frais de traitement médicaux ainsi que le transfert et le logement aux Etats-Unis.
Avec le changement illégal de direction, les buts de la fondation ont opéré un virage à 180 degrés. La FSB est devenue une source de transferts de revenus vers une constellation d’intérêts plus ou moins importants.
En mars de cette année, le conseil d’administration illégal nommé par Guaidó a désigné Mariela Poleo comme présidente de la Fondation Simón Bolívar de Citgo.
Son profil sur la page web de Citgo souligne que :
Poleo a travaillé pendant plus de 20 ans à EQUINOR ASA (anciennement Statoil) où elle s’est chargée de tâches globales, dont la direction de Finance et Contrôle (contrôleuse) pour l’exploration en Amérique du Nord et le développement de projets en eau profonde. Dans les différentes charges qu’elle a assumées, Poleo a supervisé des budgets de milliers de millions de dollars, piloté une planification Stratégie, Risque et Analyse financière pour de grands projets en Amérique du Nord, Amérique du Sud, Norvège et Afrique.
Lors des premiers jours du mois d’août de cette année, la FSB a annoncé une subvention d’un million de dollars reversés à trois organisations caritatives internationales : AID FOR AIDS International, FOOD FOR THE POOR.INC et la Fondation Panaméricaine de Développement (FUPAD).
Selon le rapport consulté, AID FOR AIDS International utiliserait les ressources pour se doter de « ‘suppléments nutritionnels' » à six mille enfants au Venezuela, FOOD FOR THE POOR INC., lui, les emploierait pour s’occuper des 36 000 migrants vénézuéliens à Cúcuta, une grande ville colombienne aux portes du Venezuela, tandis que la Fondation Panaméricaine de Développement avancerait 1,4 tonnes de médicaments pour 7 000 vénézuéliens.
La subvention accordée par la FSB paraît trop élevée pour les besoins exposés par les organisations caritatives sélectionnées :
L’organisation AID FOR AIDS a été fondée en 1996 et selon sa page web officielle, son objectif est d’apporter des médicaments et des anti-rétroviraux à des personnes touchées par le VIH/SIDA. Pour cette raison, il paraît étrange que la subvention obtenue aie comme justification la distribution de suppléments nutritionnels, même si ce n’est pas l’objectif déclaré de l’organisation caritative.
Adriana Cisneros de Griffin, présidente de la Fondation Cisneros et vice-présidente de la compagnie vénézuélienne, figure parmi les membres fondateurs de AID FOR AIDS. Selon Pederopedia, María Eugenia Maury Arria, épouse actuelle de l’ancien diplomate Diego Arria, est la présidente de AID FOR AIDS, bien que sur la page officielle de l’organisation, c’est Laura Messina qui occupe actuellement le poste.
Lors des soirées organisées par l’organisation, néanmoins, on peut voir María Eugenia Maury discutant avec Diego Arria et Laura Messina, laissant apparaître son rôle directeur dans l’organigramme.
María Eugenia Maury Arria y Diego Arria
De son côté, la Fondation Panaméricaine de Développement (FUPAD) a été créée en 1962 en tant qu’organisation affiliée à l’Organisation des Etats Américains. Elle reçoit des financements de la part du gouvernement des Etats-Unis, et déclare cela publiquement. Le centre de son activité se situe en Colombie, où elle fait preuve de sa coopération avec des institutions étasuniennes comme la DEA et ainsi qu’avec des forces de sécurité comme la Police colombienne.
Bien que la FUPAD se présente comme une organisation aux fins humanitaires, des faits et des enquêtes démontrent son implication dans des activités plus proches de la politique d’ingérence extérieure propulsée par Washington. Selon une enquête de l’avocate Eva Gollinger de 2010, « un des programmes de la FUPAD, pour laquelle elle reçut 699 966 dollars du Département d’Etat en 2007, était dédiée au développement de médias indépendants au Venezuela » et l’emploi de « technologies innovantes » au sein du journalisme.
Et justement dans le registre des activités publiques de la FUPAD, nous pouvons voir cette orientation vers des initiatives médiatiques.Récemment, la FUPAD a mis en marche une école de youtubeurs en Colombie et les tâches « d’aide humanitaire » se sont réduites aux dons de matériels hygiéniques à des migrants colombiens de retour du Venezuela.
Il n’existe aucune registre portant sur de campagne de dons « d’aides humanitaires » aux 36 000 migrants vénézuéliens, raison qui a justifié le gain de subventions de la part de FSB, qu’elle aurait mené.
FOOD FOR THE POOR INC. est une des plus grandes organisations des Etats-Unis et a un profil marqué par le christianisme. Son « soutien humanitaire » au Venezuela a été surtout en paroles et en déclarations, tandis que ses coupures de presse ne reflètent pas une activité systématique, ce qui soulève de gros doutes sur les justifications des subventions reçues de la part de la FSB.
L’organisation reconnaît qu’elle a travaillé depuis quelques années avec le South Command des Etats-Unis dans le déploiement de ses opérations « humanitaires ». Concrètement, pendant le mois d’octobre 2018, elle a collaboré au déploiement du USNS Comfort por América Latina en apportant matériel et personnel, dans le cadre des pressions préparant la confrontation avec le Venezuela.
D’autre part, la FSB a aussi annoncé la sélection de 15 projets à caractère humanitaire qui ont reçu un montant total de 475 343 dollars de dons. Présentons quelques unes :
L’organisation Engagement Foundation Group déclare recevoir des donations et des financements de particuliers souhaitant contribuer à l’effort visant à apporter fournitures, nourriture et matériels médicaux au Venezuela. Bien qu’elle affirme avoir 500 volontaires avec lesquels elle a fait de « l’aide humanitaire » auprès de migrants et de réfugiés de plusieurs pays, dont le Venezuela. Malgré cela, son registre d’activité est bien réduit. La direction de l’organisation est entre les mains de Valeria Viera (directrice exécutive), Constanza Viera (assistante exécutive) et de Marta Viera-Blanco, membres de la famille d’Orlando Viera-Blanco, nommé illégalement ambassadeur au Canada.
Parmi ces organisations figure aussi l’ONG Chamos, fondée en 2007 au Royaume-Uni, consacrée à la collecte de « fonds pour aider et améliorer les programmes locaux dédiés à améliorer les vies des enfants vulnérables au Venezuela ». La présidente de l’organisation est la vénézuélienne Mariana Siblesz-Álvarez, qui en juin de cette année a participé au séminaire « Développement social au Venezuela : au delà de ses frontières », sous les auspices de la Société et de la Chambre de Commerce britannico-vénézuélienne.
Pendant cet événement ont participé Lala Lovera, directeur exécutif de « Comparte una Vida » (Colombie), Roberto Patiño, directeur de « Alimenta la solidaridad » et Felipe Muñoz, assesseur de la Présidence de la République de Colombie. Peter West a joué le rôle de modérateur, président de la société.
En avril 2019, Mariana Siblesz-Álvarez a participé à un évènement Groupe Parlementaire de All Party (APPG) du Royaume-Uni sur le Vénézuéla, à l’occasion duquel est intervenue l’ambassadeur usurpatrice de Guaidó, Vanessa Neumann.
Dans une publication Facebook de Chamos, Siblesz-Álvarez a rendu compte de l’évènement : « Nous sommes enchantés d’accompagner l’Amb. Vanessa Neumann, Représentante Officielle du Président Juan Guaidó au Royaume-Uni. De plus nous désirons exprimer notre gratitude envers le Département de Développement International de Grande-Bretagne pour avoir partagé avec nous ses contributions pour aider à faire face à la crise humanitaire au Venezuela ».
De son côté, l’ONG Convite est dédiée à apporter de l’aide aux adultes majeurs et réalise un ensemble de programmes de formation en vue de l’élaboration de politiques publiques. L’ONG est vénézuélienne et a été fondée en 2006. Son directeur est Luis Francisco Cabezas, qui a pris la parole devant la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme afin de dénoncer la politique d’assistance aux adultes majeurs de l’Etat vénézuélien. Pour Francisco Cabezas, les activités de Convite se centrent sur l’objectif de « rendre visible la tragédie de la crise humanitaire » au Venezuela.
L’ONG Frieds of the Children of Venezuela est une organisation à but non lucratif orientée vers le don de médicaments et de matériel hospitalier au Venezuela. L’ONG est dirigée par Andrés Caldera Radonski, qui par son nom de famille pourrait être associé à l’homme politique d’opposition Henrique Capriles Radonski. Le février de l’an passé, Andrés Caldera Radonski a publié dans son compte Twitter une photo d’Henrique Capriles aux côtés de Juan Guaidó, montrant son soutien au projet putschiste en cours.
Quelques conclusions
Depuis la prise en main illégale de l’entreprise, le conseil d’administration de Guaidó a orienté les gains de l’entreprise non seulement vers l’obtention de nouvelles dettes (« refinancement »), mais aussi vers le versement de « dividendes » et de pharaoniques « programmes d’aide humanitaire » sous la forme de subventions et de dons, malgré qu’il joue à aggraver la pénurie de gazoline et empêche le Venezuela d’utiliser les ressources de Citgo pour affronter la pandémie.
La concession de subventions et de dons par la FSB se caractérise par un usage discrétionnaire et partisan de l’argent de l’entreprise vénézuélienne, où la majorité des ONG et fondations bénéficiaires entretiennent des relations, directes ou indirectes, avec le réseau familier de personnages politiques vénézuéliens (Deigo Arria, Orlando Viera-Blanco, Henrique Capriles-Radonski, Vanessa Neumann, etc.) qui a misé sur la campagne de changement de régime dirigée contre le gouvernement vénézuélien.
Est-ce une manière de faire taire les critiques d’un Diego Arria ou de maintenir en laisse un Henrique Capriles ?
La conviction de l’usage partisan de l’argent de Citgo devient puissante étant donné que la majorité des ONG et fondations bénéficiaires n’attestent pas d’une activité systématique de distribution de biens humanitaires en territoire vénézuélien qui pourrait justifier leur sélection pour recevoir des subventions. Leur base d’opération, directeurs et volontaires, sont éloignés loin du territoire national.
Précisément, la majorité de ces fondations sont basées aux Etats-Unis et en Colombie, liées en particulier à des institutions qui soutiennent le coup d’Etat contre le Venezuela comme l’Organisation des Etats Américains et le Centre de South Command des Etats-Unis.
De ce fait, les subventions n’aboutissent pas à l’aide effective des vénézuéliens en situation de difficulté, mais finissent par s’écouler dans des pays clairement ligués dans une politique de confrontation avec le Venezuela.
Cette dynamique de politisation des subventions a fracturé l’efficace programme de financement des traitements médicaux coûteux qui fonctionnait encore, auquel bénéficiaient des centaines de vénézuéliens, avant la prise de possession illégale opérée par Guaidó.
La majorité des organisations sélectionnées ne font pas que réaliser des activités humanitaires. Parmi celles qui touchent le plus de subventions sont celles qui sont dédiées à « rendre visible la crise », faire des levées de fonds et rassembler des informations sur la « crise humanitaire ». En clair, on parle bien d’organisations de natu