Le contexte post-électoral au Venezuela est marqué par une stratégie de déstabilisation et une opération de changement de régime en cours dont la figure de proue est la publication d’une série de prétendus reçus de bureaux de vote qui contredisent le résultat émis par le Conseil national électoral (CNE), favorable à la victoire du président Nicolás Maduro le 28 juillet.
Cette stratégie, développée par le Comando ConVzla de María Corina Machado et Edmundo González Urrutia, représente la construction d’une structure pseudo-informationnelle parallèle au CNE qui vise à publier de prétendus résultats électoraux afin de soutenir le récit du « triomphe » de l’ancien candidat du PUD.
Dès leur diffusion, les preuves apparentes – familièrement appelées « actas » – ont fait l’objet de controverses, et les doutes et indices d’irrégularité ne cessent de croître au fil des jours.
Diverses analyses des « actas » de l’opposition ont mis en évidence d’importantes faiblesses techniques, telles que l’absence de signatures des opérateurs de machines, des membres des bureaux de vote et des témoins. Elles ont également mis en évidence des incohérences dans les numéros de carte d’identité du personnel des bureaux de vote, des signatures paraphées, des reçus incomplets et des incohérences numériques dues à des pourcentages conçus, entre autres éléments.
Cependant, l’examen des métadonnées des images des documents présumés a montré qu’environ 80 % de ces pièces justificatives ont très probablement été éditées ou modifiées numériquement pour favoriser l’hypothèse du « triomphe » de González, base politique et opérationnelle du coup d’État en cours.
Les métadonnées : suivre la trace numérique des « actas »
Il est nécessaire d’expliquer ce que sont les « métadonnées » dans les images disponibles sur Internet. Selon Ignacio Pérez, qui écrit pour le média numérique de cybersécurité WeLiveSecurity, « les métadonnées sont des informations supplémentaires sur d’autres données. Dans une photo, par exemple, les métadonnées permettent de connaître le type d’extension du fichier, la taille ou la date de création ».
Les métadonnées des images Internet sont des éléments techniques qui fournissent des informations supplémentaires sur une image. Elles peuvent inclure une variété de détails qui peuvent être utiles pour l’organisation, le catalogage et la recherche.
La liste des éléments est longue et permet de comprendre la « trace numérique » d’une image. Par exemple, les données Exif (Exchangeable Image File Format) comprennent des informations techniques telles que la date et l’heure de la prise de vue, les réglages de l’appareil photo (ouverture, vitesse d’obturation, ISO, etc.), la localisation géographique (coordonnées GPS) et d’autres paramètres techniques.
Il y a également les métadonnées IPTC, qui contiennent des informations sur les droits d’auteur, des descriptions, des titres et des mots-clés qui facilitent la recherche et la classification de l’image.
Ces éléments indiquent qu’une image sur l’internet laisse une trace ou une marque, et que celle-ci reflète si l’image a été modifiée ou si elle a été traitée pour en effacer l’histoire.
Récemment, le député de l’Assemblée nationale vénézuélienne, Francisco Ameliach, a dénoncé le fait que 80 % des procès verbaux publiés par le Comando ConVzla sur son portail web étaient manipulés et modifiés.
Sur le réseau social X, le député a déclaré qu’une « image manipulée avec un logiciel d’édition et publiée sur un site web ne peut pas être considérée comme une feuille de décompte ».
Pour sa part, le ministre de la Communication, Freddy Ñáñez, a déclaré qu’une évaluation de ces « procès-verbaux » par des experts en informatique a confirmé que 83% de ces documents ont été modifiés avec un logiciel d’édition.
« C’est intéressant parce que lorsque vous parlez à des experts en informatique, ils vous disent que chaque image peut être identifiée avec sa carte d’identité, c’est-à-dire que chaque document que vous scannez génère une image qui est celle que nous voyons à l’écran, mais cette image a des métadonnées, et ces métadonnées sont l’empreinte digitale de cette image », a déclaré le ministre.
Selon M. Ñáñez, les experts ont expliqué ce que disent les métadonnées des images, en l’occurrence « la marque de l’équipement qui a scanné le document, le numéro de série de l’équipement et l’heure et le jour où le document a été copié ».
« Quand on vérifie les métadonnées d’une image, on peut dire que l’image est une copie fidèle d’un original, si on vérifie chacune des images qui sont là et que les métadonnées n’apparaissent pas ou sont effacées, c’est que cette image est passée par un logiciel d’édition », a souligné le ministre.
Il a également affirmé que le fait qu’il n’y ait pas de métadonnées détaillées dans le document « signifie que cette image a été altérée, sa couleur, son contenu, parce que des éléments tels que des chiffres, des signatures y ont été ajoutés ou parce qu’ils en ont été soustraits. En tout état de cause, lorsque vous constatez qu’une image n’a pas de métadonnées, cette image ne peut pas être considérée comme une copie fidèle de l’original ».
« Nous sommes maintenant à un peu moins de 15 jours des événements [électoraux] et nous pourrions commencer à montrer les diagnostics que certains informaticiens commencent à faire sur ces images qu’ils nous ont vendues comme des protocoles. Sur les 9 472 images qui ont été initialement téléchargées sur ce site web, qui représentent 30 % des rapports de bureaux de vote qu’ils prétendent avoir, lorsqu’elles ont été soumises à l’analyse d’experts, 83 % d’entre elles n’avaient pas de métadonnées, c’est-à-dire qu’elles étaient passées par un logiciel d’édition, c’est-à-dire que 83 % de ces images ne sont pas une copie fidèle de l’original », a souligné M. Ñáñez.
Tout le monde peut évaluer les « procès-verbaux » de l’opposition
Le ministre de la communication a publié une vidéo dans laquelle un utilisateur explique comment n’importe qui peut examiner les métadonnées de chaque image publiée par l’opposition extrémiste au Venezuela.
La vidéo indique qu’en téléchargeant n’importe quelle image, il est possible de l’examiner à partir du site web d’évaluation des biens numériques Brandfolder. La vidéo, sous forme de tutoriel, explique que Brandfolder analyse les métadonnées des images et détermine leur trace et si elles ont été éditées ou si leur historique a été délibérément supprimé pour raccourcir leur trace.
« En ne disposant pas des métadonnées complètes, l’image a été modifiée à un moment ou à un autre. Nous ne savons pas où, mais ce n’est pas l’original », explique l’utilisateur.
La vidéo fait la comparaison avec un autre enregistrement apparemment fiable publié sur le site de l’opposition, et démontre ainsi que l’enregistrement des métadonnées de cette image « est beaucoup plus important ».
Le vidéaste affirme que 7 des 10 « actas » qu’il a analysées à l’aide de l’outil Brandfolder ont en commun une possible manipulation et un manque de métadonnées.
Ce qui est important dans cette œuvre audiovisuelle, c’est qu’elle offre des outils permettant à quiconque, sans avoir besoin d’un niveau élevé de connaissances techniques, de procéder à sa propre évaluation des prétendues « actas » publiées par l’opposition.
Le journaliste technologique Jeisson Rauseo a également expliqué comment il est possible de vérifier les métadonnées d’une image, ce qui permet de prouver la fraude de l’opposition.
Le facteur « information » disponible sur le site web de ConVzla est essentiel dans le contexte de la controverse postélectorale, car divers gouvernements et acteurs politiques du Venezuela affirment qu’il s’agit de la base pour remettre en question les résultats officiels fournis par le CNE.
Grâce aux outils numériques, les indices de falsification des « actas » de l’opposition se multiplient. Ces ressources ne devraient pas être ignorées par les gouvernements qui affirment la victoire supposée d’Edmundo González ou, au contraire, émettent des doutes sur la réélection du président Maduro.
Il est clair que les acteurs nationaux et internationaux peuvent faire leur propre évaluation de ces documents et, ce faisant, incorporer des éléments dans leur évaluation de la dynamique électorale et post-électorale du Venezuela.
Source: Misión VERDAD – Traduction: Romain Migus