Les États-Unis ont financé des groupes de rock au Venezuela pour qu’ils enregistrent des chansons promouvant la démocratie – et s’opposant à Hugo Chávez – selon des documents publiés à la suite d’une demande en vertu de la loi sur la liberté de l’information.
Plus de 10 groupes ont été engagés en 2011 pour produire de nouvelles chansons promouvant la liberté d’expression dans ce pays riche en pétrole. Le projet de 22 970 dollars, qui devait aboutir à un concert de style « battle-of-the-bands », a été approuvé par le National Endowment for Democracy (NED), une agence chargée de promouvoir la démocratie à l’étranger.
La demande de subvention partiellement expurgée a été découverte par Tim Gill, sociologue à l’université de Caroline du Nord Wilmington, et montre les efforts des responsables américains « pour promouvoir une plus grande réflexion parmi la jeunesse vénézuélienne sur la liberté d’expression, leur lien avec la démocratie et l’état de la démocratie dans le pays ».
Gill a déclaré que ces révélations étaient peu orthodoxes mais peu surprenantes. « La NED a soutenu de nombreuses causes afin de promouvoir la démocratie, toutes n’étant pas néfastes », a déclaré l’universitaire. « Mais le problème est qu’il a la capacité de financer certaines voix au lieu d’autres ».
Les gouvernements américains successifs ont cherché à renverser Chávez, dont la soi-disant révolution bolivarienne était en partie fondée sur un sentiment anti-américain.
Le leader populiste a été brièvement destitué en 2002 par un coup d’État militaire. Il est apparu plus tard que l’administration de George W Bush était au courant de ce coup d’État, bien que Washington ait pris publiquement ses distances par rapport à cette implication.
En 2011, les responsables américains envisageaient apparemment des mesures moins draconiennes pour saper son leadership.
« Je ne peux pas imaginer qu’ils pensaient que cela seul allait faire tomber le gouvernement », a déclaré Gill. « Mais la musique est-elle importante et façonne-t-elle l’opinion des gens ? Je pourrais tracer une ligne droite entre écouter du punk rock, lire Noam Chomsky et apprendre des choses sur les révolutions et les interventions qu’on n’enseigne pas dans les écoles ».
Ce n’est pas la seule fois que les États-Unis ont tenté de déclencher des troubles par la musique dans des pays d’Amérique latine en proie à des conflits. En 2014, il a été révélé qu’USAid, l’organisation américaine d’aide au développement, avait secrètement tenté d’infiltrer la scène hip-hop underground de Cuba.
Aucun des deux complots ne semble avoir donné beaucoup de résultats tangibles. On ne sait pas non plus pourquoi le plan du Venezuela s’est concentré sur la musique rock dans un pays dont les ondes sont dominées par la salsa, le merengue et le reggaeton (…).
Source: The Guardian – Traduction : Romain Migus