L’ancien président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva, a critiqué le processus de privatisation d’Eletrobras et a promis de « récupérer la souveraineté énergétique » s’il remporte les élections d’octobre.
« Environ 33 millions de Brésiliens sont affamés. Les gens sont obligés de choisir entre acheter de la nourriture et payer leurs factures d’électricité, qui ne cessent d’augmenter. Et que fait le gouvernement ? Privatiser Eletrobrás, pour augmenter encore plus la facture d’électricité », a écrit le leader de gauche sur son compte Twitter.
M. Lula a déclaré que la décision du gouvernement de Jair Bolsonaro signifiait « dire adieu » à des programmes tels que « Lumière pour tous », qui apportait des services publics « à près de 16 millions de Brésiliens qui vivaient auparavant dans l’obscurité, sans même avoir accès à un verre d’eau froide ».
« Non content de ramener la faim, le chômage, l’inflation et d’autres fléaux que nous avions réussi à vaincre, le gouvernement actuel insiste pour commettre un autre crime contre le Brésil et le peuple brésilien : vendre Eletrobrás pour des cacahouètes », a ajouté l’ancien président.
Selon lui, la privatisation d’Electrobrás implique de « perdre aussi » d’autres filiales comme Furnas, Chesf, Eletronorte et Eletrosul, ainsi que de « céder la souveraineté » sur les fleuves Paraná et São Francisco.
Lula a estimé que la « pression » pour « remettre » au secteur privé la plus grande entreprise de production d’énergie d’Amérique latine s’explique par la « peur de la défaite aux élections d’octobre ». « Mais rassurez-vous : si nous gagnons les élections d’octobre, comme le prévoient tous les sondages, nous rétablirons la souveraineté du Brésil et du peuple brésilien », a conclu le leader du Parti des travailleurs.
Le processus de vente
La réaction de Lula est due à la vente des actions d’Eletrobras pour un montant de 33,7 milliards de reais (environ 6,855 milliards de dollars), selon les rapports des médias brésiliens basés sur les opérateurs financiers.
La vente a été réalisée par Centrais Eletricas Brasileiras SA, le nom officiel de la société jusqu’alors détenue par l’État et basée à Rio de Janeiro, et la banque publique BNDES. Avec cette opération financière, la participation de l’État a été ramenée de 70 % à 40 %, ce qui signifie que l’entreprise a cessé d’appartenir à l’État et a cédé son contrôle au secteur privé.
Les banques concernées par la privatisation sont BTG Pactual SA, Bank of America Corp, Goldman Sachs Group Inc, Banco Itaú BBA SA, XP Investimentos SA, Banco Bradesco BBI SA, Caixa Economica Federal, Citigroup Inc, Credit Suisse Group AG, JPMorgan Chase & Co, Morgan Stanley et Banco Safra SA.
Les médias brésiliens soulignent qu’il s’agit de la plus grande privatisation du pays en plus de vingt ans et de la deuxième plus grande action financière mondiale à ce jour en 2022, après la vente en janvier de la société sud-coréenne LG Energy Solution pour 10,7 milliards de dollars.
La prochaine étape sera la négociation de ces actions à la bourse de Sao Paulo à partir du 13 juin, ce qui conclura définitivement la privatisation.
Fin mai, la Cour des comptes du Brésil a approuvé la privatisation de Petrobras, l’opération la plus importante du programme de privatisation du gouvernement Bolsonaro, avec sept voix pour et une voix contre.
Source: Pagina 12 – Traduction: Romain Migus