Le président vénézuélien Nicolas Maduro a annoncé que le gouvernement vénézuélien allouera plus de 55 000 petros, soit l’équivalent de deux billions 660 000 millions de bolivars, comme investissement initial pour la création de mille nouvelles Banques Communales. Sur cet investissement, 29.663 petros sont destinés à financer des projets de chaînage productif dans les communes, notamment ceux liés au domaine textile.
Les organisations du Pouvoir Populaire s’adresseront aux Banques Communales pour demander un financement. Le président de la nation sud-américaine soulève avec cette action la formation d’une nouvelle architecture financière du pouvoir populaire qui a son axe central dans l’activité économique communautaire.
Cette annonce a été faite il y a un mois, lors du Congrès national des communes, lorsque le président a approuvé la création de la Banque des communes, qui fonctionnera comme l’entité de coordination des banques communales dans chaque conseil communal.
La nouvelle suscite l’intérêt car une économie comme celle du Venezuela, entourée par le blocus, a besoin d’alternatives pour augmenter la production de biens et de services qui approvisionnent le marché intérieur, en particulier dans le secteur de la production alimentaire.
« Vers une monnaie communale »
Emilio Hernández, professeur à l’Université Simón Bolívar, expert en cryptoéconomie et en systèmes monétaires, estime que la banque communale peut jouer un rôle que les banques nationales n’ont pas et peut être l’un des principaux vecteurs du développement économique communal.
Pour Hernández, la création et l’administration d’une monnaie communale peut devenir un puissant atout pour l’activité économique de la commune, puisqu’elle favoriserait la production et l’échange économique endogène sans recourir à ses actifs en bolivars ou en dollars et renforcerait la notion de développement et de collaboration communale.
-Quel rôle jouent ou peuvent jouer les mille banques communales ?
À mon avis, le meilleur rôle qu’ils peuvent jouer est de promouvoir l’échange endogène de biens et de services entre les membres d’une commune et, deuxièmement, de jouer le rôle d’intermédiation financière entre les membres de la commune dans laquelle ils opèrent. Ce sont deux rôles liés.
-Quelle possibilité représente pour une commune d’avoir sa propre monnaie ?
Une monnaie communale peut être émise comme un crédit à tous les membres économiquement actifs d’une commune, en particulier à ceux qui peuvent offrir des biens et des services à leurs voisins, ainsi qu’acheter des biens et des services à leurs voisins. La monnaie n’a pas besoin d’être soutenue par des monnaies plus fortes, la monnaie communautaire est soutenue par le travail et la créativité des membres de la communauté.
-Cette mesure annoncée par le président Nicolás Maduro serait-elle un moyen de créer un marché pour le Petro ?
Le président Maduro a parlé de céder l’argent en petros aux banques communales. Il s’agirait d’une activité très différente de la détention d’une monnaie communale à usage endogène, mais d’une activité complémentaire qui peut être exercée par les banques communales. Le petro, ainsi que le bolivar et les monnaies convertibles, peuvent être utilisés pour l’achat de biens et de services en dehors de la commune. La monnaie communale sera utilisée pour les achats internes, les autres monnaies pour les achats externes, par exemple la technologie, les pièces de rechange et d’autres biens qui ne sont pas produits dans chaque commune.
-Quelle autre portée peuvent avoir la création et le fonctionnement de ces 1.000 banques communales ?
La banque communale, dans son rôle de promotion de l’économie endogène, peut maintenir une base de données, accessible par le web, où les voisins peuvent s’informer sur l’offre de biens et services locaux. Souvent, nous ne savons même pas ce que font les voisins. Cette information est importante. En échangeant des informations avec les communautés voisines, nous aurons une vision de ce que produit la municipalité, favorisant un échange endogène avec d’autres communautés, mais dans ce cas à petros.
-De quelle manière l’Exécutif national doit-il accompagner la gestion des banques communales et l’investissement, par leur intermédiaire, dans les marchés locaux ?
Il serait très utile que l’exécutif national mette en place des systèmes automatisés pour la gestion des soldes et des mouvements effectués avec les monnaies communales. Bien que les monnaies communales soient différentes les unes des autres et que la comptabilité de chacune d’elles doive être tenue séparément, tout cela peut être mis en œuvre dans un seul système national, afin d’éviter la répétition de l’effort de mise en œuvre d’un système de gestion pour les monnaies communales.
Certains responsables politiques sont d’avis que le transfert de compétences aux communes affaiblit les municipalités. Que pensez-vous de cette affirmation ? Comment le renforcement de la commune améliore-t-il l’ordre juridique de l’État ?
Je pense que ceux qui pensent ainsi ont tout à fait tort. Si les municipalités sont renforcées, notamment en termes économiques, les municipalités sont renforcées. Ceux qui pensent ainsi ne voient qu’une perte du pouvoir de décision des autorités municipales, car le pouvoir de décision sera réparti entre les communes et les autorités municipales. Mais la municipalité sera plus forte si ses communes sont plus fortes.